Laurent Solly et Facebook: censure ou volonté d'informer?

Premiers pas

Né le 27 mars 1970 (50 ans) à Villefranche-sur-Saône, Laurent Solly obtient son baccalauréat en sciences économiques et sociales, avant d’entrer à l’Institut d’études politiques de Paris puis à l’École nationale d’administration. 

En 1996, il débute sa carrière en tant que sous-préfet du Lot-et-Garonne, avant de devenir préfet du Var. Après un détour par EDF, il devient conseiller technique de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci est ministre de l’Intérieur. Les deux hommes restent proches puisque Laurent Solly accompagne le futur président de la République au ministère de l’Économie, puis de nouveau à l’Intérieur avant de devenir directeur adjoint de sa campagne présidentielle.

Pourtant, il ne rejoindra pas Sarkozy à l’Élysée, et il s’éloigne de la politique pour intégrer le groupe Bouygues en mai 2007, puis la direction générale de TF1. Il est chargé «des missions opérationnelles et fonctionnelles, notamment la mise en place d’une direction des achats du groupe». En clair, Laurent Solly est devenu le numéro 2 de la chaîne TF1.

Chez Facebook

Durant l’été 2012, Facebook France est mis en difficulté par les services fiscaux français. Multiples perquisitions, foules d’interrogations posées aussi bien par la justice que les médias… le groupe Facebook tout entier est sous pression, et cherche un dirigeant capable de calmer l’administration française. Le géant du Web contacte Laurent Solly pour lui proposer de devenir directeur général. Un poste créé spécialement pour l’énarque français qui entre en fonction le 3 juin 2013. 

Pari réussi pour Facebook puisque contrairement aux autres membres du GAFAM (Google,Apple,Facebook,Amazon, Microsoft), n’a plus fait l’objet d’aucune perquisition depuis l’arrivée de Laurent Solly. Ce dernier a même pu facilement étendre son influence au sein de l’entreprise, et dirige désormais tout le secteur Europe Sud de la compagnie. Cela inclut donc la France mais également l’Italie, le Portugal et l’Espagne

Évidemment, les problèmes de Facebook ne se sont pas pour autant arrêtés en 2013. Le scandale liant l’entreprise à la société Cambridge Analytica durant l’élection présidentielle américaine de 2016 par exemple, est encore dans toutes les mémoires et a eu un rayonnement international. C’est en partie à cause de cette affaire que Facebook est scruté de très près quant à sa gestion du fact checking (ndlr: vérification des faits) et des fake news. En particulier dans le contexte du coronavirus.

Un mal nécessaire?

Le 24 février 2020, Laurent Solly explique pour les micros de France Info comment Facebook compte contrôler les publications de ses utilisateurs. Le directeur général n’a pas manqué de rappeler sa volonté de lutter contre les fausses informations qui pourraient mettre en danger ses utilisateurs, comme par exemple celles qui prétendaient que boire un verre d’eau de javel protégeait contre le covid-19.

Dans de tels cas, le travail des quelques 35.000 personnes employées par l’entreprise de Mark Zuckerberg (bien aidées par l’intelligence artificielle) semble indispensable, «l’information» en question étant bien sur totalement erronée. Néanmoins, cela n’empêche pas les erreurs, comme dans le cas de cette une de Télérama censurée en février 2020 par l’algorithme qui l’avait définie comme grossophobe. L’erreur fut réparée rapidement, avec excuse à l’appui. Le problème, c’est qu’il est récurrent pour le groupe puisqu’à une époque, Instagram (qui appartient à Facebook) avait tout bonnement censuré l’utilisation du hashtag #grosse. 

Interrogé sur la loi Avia et le délai de 24 heures imposées aux plateformes pour retirer les contenus illicites, Laurent Solly a dit espérer encore plus de rapidité pour supprimer les posts problématiques. Néanmoins, il admet s’inquiéter du risque de «supprimer trop de messages, mettant en cause la liberté d’expressions». Télérama (et bien d’autres) seraient en effet ravis d’un peu plus de prudence. 

La solution du DG de Facebook? L’aide du législateur. Selon lui, Facebook seul ne peut édicter toutes les règles. Après la censure privée, Laurent Solly demande-t-il celle de l’Etat?

Photos sources : gala.fr / leprogres.fr / ledauphine.com / europe1.fr / lsa-conso.fr/

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