Le pape François demande à Trump d'être un homme de paix
par Philip Pullella et Steve Holland
VATICAN (Reuters) – Le président américain, Donald Trump, a été reçu en audience mercredi matin au Vatican par le pape François, qui l’a exhorté à être un homme de paix et a attiré son attention sur le changement climatique.
Cette visite marquait la troisième étape de la tournée internationale de neuf jours du chef d’Etat américain après des déplacements en Arabie saoudite, en Israël et en Cisjordanie.
Mais si les discussions avec les dirigeants saoudiens et israéliens se sont avérées cordiales, la rencontre du chef de l’Eglise catholique romaine et d’un homme marié à trois reprises et adepte du langage direct s’annonçait plus difficile.
A plusieurs reprises, le pape argentin a dénoncé les positions défendues par Donald Trump, jugeant par exemple que construire des murs, comme celui que le président américain veut ériger à la frontière du Mexique, au détriment de ponts n’était pas une attitude « chrétienne ».
La volonté du président américain d’assouplir les normes environnementales et ses doutes sur la responsabilité humaine du réchauffement climatique vont également à l’encontre des positions défendues par le pape.
Après avoir posé de manière crispée devant les photographes, les deux hommes ont discuté en tête à tête pendant une demi-heure au Palais apostolique, en présence de leurs seuls traducteurs. Puis ils ont procédé à un échange de cadeaux.
Le pape a offert à son hôte une médaille représentant un olivier, symbole de paix.
« Mon souhait est que vous puissiez devenir un olivier pour construire la paix, lui a-t-il expliqué.
« La paix, nous en avons besoin », lui a répondu Trump.
UN ENTRETIEN « CORDIAL », DIT LE VATICAN
Le pape François lui a également remis plusieurs de ses écrits, dont son Encyclique Laudate Si de 2015 consacrée à la préservation de l’environnement et son message de début d’année intitulé « La non-violence: style d’une politique pour la paix ».
« Bien, je les lirai », a dit Trump.
Le président américain a donné au pape un coffret regroupant des éditions originales de cinq essais de Martin Luther King et, avant de prendre congé, lui a dit: « Merci, merci, je n’oublierai pas ce que vous avez dit. »
La visite du président américain au Vatican s’explique en partie par sa volonté de démontrer la nécessité d’un rassemblement des trois principales religions monothéistes contre le danger de l’islam radical.
« Nous avons pensé qu’il était important de réunir islam, judaïsme, catholicisme et christianisme », a expliqué un représentant de la Maison blanche aux journalistes présents à bord de l’avion présidentiel. « En réunissant tout le monde, on peut bâtir une coalition et montrer qu’il ne s’agit pas d’un problème musulman, d’un problème juif, d’un problème catholique ou d’un problème chrétien », a ajouté ce responsable.
Interrogé sur la manière dont s’était passé son entretien avec le pape, Donald Trump a répondu : « Très bien. C’est vraiment quelqu’un, il est très bon. Nous avons eu une rencontre fantastique ».
Dans un communiqué, le Vatican qualifie l’entretien de « cordial » et dit espérer une collaboration sereine entre le gouvernement américain et l’Eglise catholique des Etats-Unis, notamment en matière d' »assistance aux immigrants ».
La hiérarchie catholique américaine s’oppose au projet de Trump de priver d’aide fédérale les villes qui accordent le refuge à des immigrants illégaux. Elle s’oppose également au projet de mur à la frontière avec le Mexique.
Après cette rencontre, le président américain devait gagner Bruxelles où il participera jeudi à son premier sommet de l’Otan avant de se rendre en Sicile pour le sommet du G7, vendredi et samedi.
(Nicolas Delame et Henri-Pierre André et Bertrand Boucey, édité par Patrick Vignal)