Le pape François élève Mère Teresa au rang de sainte
par Isla Binnie
CITE DU VATICAN (Reuters) – Le pape François a élevé Mère Teresa, qui a consacré sa vie au service des plus pauvres et des plus démunis en Inde, au rang de sainte, dimanche, pendant une messe de canonisation sur la place Saint-Pierre, au Vatican.
Des dizaines de milliers de pèlerins ont applaudi lorsque la « sainte des bidonvilles de Calcutta », lauréate du prix Nobel de la paix en 1979, a rejoint officiellement les quelque 10.000 saints de l’Eglise catholique.
S’exprimant devant un portrait géant de la religieuse installé sur la façade de la basilique Saint-Pierre, le pape a salué lors de son homélie une « généreuse dispensatrice de la miséricorde divine ».
« Elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes », a poursuivi le pape.
« La miséricorde a été pour elle le ‘sel’ qui donnait de la saveur à chacune de ses œuvres, et la ‘lumière’ qui éclairait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance », a-t-il déclaré.
Selon les estimations du Vatican, quelque 120.000 personnes ont assisté à cette messe de canonisation.
« Tout ce qu’elle a fait a servi d’exemple pour le monde entier », a déclaré Massimiliano D’Aniello, un lycéen italien de 17 ans arrivé parmi les premiers sur la place. « Elle a montré que nous ne pouvons pas tous tout faire, mais que de petits gestes faits avec tellement d’amour sont le plus important. »
Née en 1910 dans une famille albanaise en Macédoine, qui appartenait alors à l’empire ottoman, Mère Teresa est morte en 1997 à l’âge de 87 ans.
PROCÉDURE ACCÉLÉRÉE
L’oeuvre de la fondatrice de l’ordre des Missionnaires de la charité s’inscrit nettement dans la volonté du pape argentin de servir les pauvres et les démunis.
La cérémonie de canonisation a été un temps fort de l’Année sainte de la miséricorde, qui s’achève le 8 novembre prochain.
Mère Teresa n’a pas échappé aux critiques, certains lui reprochant de n’avoir pas prodigué des soins palliatifs aux malades en phase terminale et de ne jamais avoir combattu les racines de la pauvreté. Il lui a aussi été reproché d’avoir converti les démunis au christianisme, une allégation démentie par son ordre.
Mais elle bénéficie d’une image de sainteté auprès de nombreux catholiques, et le défunt pape Jean Paul II a ouvert la voie à sa canonisation deux ans seulement après sa mort, quand il en faut habituellement cinq, avant de la béatifier en 2003.
Pour accéder au rang de sainte, deux miracles au moins devaient lui être attribués. Mère Teresa est créditée d’avoir guéri une Indienne atteinte d’un cancer de l’estomac, en rémission en 1998, un an après la mort de la religieuse, puis un Brésilien souffrant d’une infection cérébrale, déclaré guéri en 2008.
Des cérémonies ont également eu lieu à Skopje, la capitale de la Macédoine actuelle où Mère Teresa est née et est entrée dans les ordres à l’âge de seize ans.
A Calcutta, où les premières missions de l’ordre des Missionnaires de la charité ont été crées en 1952, des prières et des débats lui ont été consacrés, mais aucune cérémonie d’ampleur n’a été organisée.
(Henri-Pierre André, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)