Les Jeux Olympiques à Sotchi : les #SOCHIPROBLEMS volent la vedette

Les #SOCHIPROBLEMS volent la vedette

Après avoir visitée 135 villes au cours des derniers 122 jours, la torche Olympique est finalement arrivée à Sotchi. Avant même avoir eu l’occasion d’allumer le stade olympique, ces 22^ème Jeux Olympiques d’Hiver étaient déjà les plus discutés de l’histoire. Mais personne ne parle du snowboard ou du ski, le seul sport qui a eu un effet viral est le bobsleigh avec une campagne pro-gay pour le Canadian Institute of Diversity and Inclusion’s : les journalistes ont des sujets bien plus intéressants à couvrir.

Cette semaine, les journalistes étaient focalisés sur l’embarras général provoqué par la finition des sols des entrées, des poignées de porte, des allumettes, des barres de rideaux, l’eau saumâtre et orange coulant des robinets, des bouches d’égout ouvertes, des rues pas terminées, etc. Le hashtag #SochiProblems était même plus populaire sur les réseaux sociaux que « Poutin » ou « Team USA ». Il y a maintenant un compte du Twitter qui s’appelle @SochiProblems qui retweet tous les tweets avec ce hashtag, alimenté par plus que 201,000 utilisateurs.

Des problèmes dès le début du projet

Mais les histoires des problèmes à Sotchi ont commencé bien avant que les journalistes soient arrivés.

Sotchi est une ville de villégiature mal-développée et négligée dans la région la plus sud de la Russie, juste à côté d’une des régions le plus volatiles du monde, le Caucase du Nord – la décision de choisir Sotchi pour les Jeux Olympiques d’Hiver 2014 a été contestée dès le début. C’est une région très militarisée, l’une des plus militarisées de toute l’Europe, le Village Olympique est seulement séparé par une montagne d’un lieu de conflit ethnique et territorial qui est aussi connu comme lieu d’entrainement de certains groupuscules terroristes. En décembre dernier, il y avait eu deux attentats-suicides à Volgograd – une ville qui n’est qu’à 692 kilomètres de Sotchi. De plus, il y a des menaces terroristes par le « Caucasus Emirate », un groupuscule terroriste rattaché à Al-Qaeda, qui a promis de tout faire pour interrompre les Jeux Olympiques à Sotchi. Actuellement, cette ville olympique est extrêmement bien surveillée par des équipes de sécurité, des troupes militaires, des drones, et plus encore.

Pendant la préparation pour les Jeux Olympiques, les journalistes avaient reporté d’autres égarements que nous qualifierons d’inadmissibles, comme la capture des chiens errants ou les évictions forcées des résidents de la ville de Sotchi, des laboureurs émigrés retenus illégalement et des problèmes de pollutions. Par ailleurs, la violation des Droits de l’Homme en Russie est devenue un sujet de préoccupation majeure, comme l’homophobie clairement affichée du gouvernement.

Enfin, les Jeux Olympiques à Sotchi sont devenus les plus chers de l’histoire, avec un coût de 51 milliards de dollars, un chiffre qui dépasse de loin les 39 milliards annoncés, et n’a de cesse que d’illustrer la corruption russe.

Les journalistes sont-ils allés trop loin sur Sotchi ?

Avec tous les #SochiProblems, on semblerait presque oublier les années d’entrainement, de sacrifice et d’abnégation des sportifs de haut niveau. Ce mouvement anti-Sochi en fait-il trop ?

Nous n’avons pas encore entendu parler du cadre exceptionnel de ces JO, de ces spectaculaires chaines de montagnes à 3000 milles mètres au-dessus du niveau de la mer.

Ces 51 milliards dollars (approximativement, à cause de la corruption) dépensés sont notamment dus à des années de ravages, avec entre autres deux guerres Tchétchènes, de nombreuses opérations ratées, la présence grandissante de dispositifs de sécurité, sans oublier les difficultés de la Russie à trouver des solutions pour endiguer le flux des dépenses dues aux imprévus. On parle au total de la construction d’un parc Olympique, de 49 hôtels, des restaurants, des bars, des cafés, 321 kilomètres de nouvelles rues, 77 ponts, 22 tunnels, des stations thermoélectriques, et des usines de purification d’eau. La ville est dorénavant comme neuve. La Cérémonie d’Ouverture n’a pas été conçue uniquement dans le but de lancer les jeux mais surtout de relancer l’écosystème économique d’une région entière, marquée et sinistrée en développant le tourisme dans le Caucase du Nord.

Sotchi se veut annonciatrice d’un message, d’une célébration de Poutine sur le retour en force de la Russie : « Russia is back ».

Derrière les Titres

Ce déversement d’eaux usées sur le symbole de la Russie de Poutine est-il une ingénieuse tentative d’humiliation, de représailles, par des journalistes impuissants à mettre un terme aux vrais problèmes de la Russie ?

Quoi qu’il en soit, espérons que les jeux se déroulent sans escalade de violence, que ce soit contre les militants homosexuels ou venant des groupuscules terroristes, mais espérons aussi que ces infrastructures serviront à offrir durablement quelque chose de neuf et de positif à cette région du sud du pays , contrairement aux infrastructures de Sarajevo maintenant rouillées et abandonnées…

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