L'Onu plaide pour une accélération des pourparlers sur la Syrie
par Tom Miles
ASTANA/GENEVE (Reuters) – L’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a plaidé mercredi en faveur d’une accélération des pourparlers de paix en Syrie, alors que la guerre est entrée dans sa septième année et que les négociations qui se tiennent à Astana se sont achevées sans avancée, l’opposition syrienne étant absente.
L’opposition a expliqué son boycott par la poursuite des bombardements russes sur des zones rebelles et le peu d’empressement, à ses yeux, de Moscou pour amener le régime du président syrien Bachar al Assad à respecter le cessez-le-feu conclu fin décembre.
« Cela devient l’une des plus longues et des plus cruelles guerres de ces dernières années », a commenté Staffan de Mistura. « C’est la raison pour laquelle une accélération de toute forme de négociation, à Astana, à Genève, à New York, où que ce soit, est nécessaire », a-t-il ajouté.
Le diplomate italo-suédois tente de convaincre les parties en présence de parvenir à un accord politique après la dernière session de négociations sous l’égide de l’Onu, qui s’est achevée le 3 mars à Genève. Il a prévu de réunir à nouveau les négociateurs pour des discussions approfondies le 23 mars.
A Astana, où les discussions sont parrainées par la Russie, la Turquie et l’Iran, la seule décision prise dans la capitale du Kazakhstan lors de cette nouvelle session de discussions a été de se revoir les 3 et 4 mai.
Comme pour illustrer les difficultés rencontrées, les délégués s’exprimant devant la presse ne semblaient même pas avoir participé à la même réunion.
Le chef de la délégation russe, Alexandre Lavrentiev, a ainsi expliqué devant la presse qu’avait été discutée une proposition de mettre en place une commission chargée de la rédaction d’une nouvelle Constitution en Syrie.
« On n’a pas du tout discuté de cela », a répliqué le chef de la délégation gouvernementale syrienne, Bachar al Dja’afari.
Le représentant spécial britannique pour la Syrie, Gareth Bayley, a estimé que les pourparlers d’Astana n’étaient pas destinés à se substituer à ceux de Genève mais constituaient une bonne initiative s’ils permettaient de réduire la violence et d’améliorer la situation humanitaire sur le terrain.
« Cela signifie que maintenant il appartient au processus d’Astana de garantir le respect durable du cessez-le-feu », a-t-il précisé dans un courrier électronique.
« L’accord de reddition forcée des quartiers assiégés d’Al Waer cette semaine ainsi que la pression constante sur les zones tenues par l’opposition dans les faubourgs de Damas ne sont pas encourageants », a reconnu l’émissaire britannique. « Cela confirme la nécessité d’une pression de la Russie sur le régime Assad pour faire respecter le cessez-le-feu ».
Le Kazakhstan accueillait sa troisième conférence sur la Syrie, après celles des 23-24 janvier et de la mi-février, à chaque fois sous l’égide de Moscou, Téhéran et Ankara.
L’objectif de la « troïka » est de consolider la trêve entrée en vigueur le 30 décembre après la victoire des forces pro-gouvernementales dans la bataille d’Alep, la grande ville du nord de la Syrie.
L’Onu mène de pair un processus diplomatique à Genève portant sur la recherche d’une solution politique à la crise syrienne et considère les discussions à Astana complémentaires de ses propres initiatives.
La guerre en Syrie est entrée mercredi dans sa septième année. Elle a fait un demi-million de morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
(Olzhas Auyezov et Raushan Nurshayeva à Astana; Gilles Trequesser et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Danielle Rouquié)