Qualifiée par Macron d'alliée de Le Pen, la Pologne proteste Qualifiée par Macron d'alliée de Le Pen, la Pologne proteste Qualifiée par Macron d'alliée de Le Pen, la Pologne proteste
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Qualifiée par Macron d'alliée de Le Pen, la Pologne proteste

Publié le 2 mai 2017,
par Reuters.
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VARSOVIE (Reuters) – La Pologne a protesté mardi contre le fait que le chef du parti nationaliste au pouvoir, Jaroslaw Kaczinski, ait été cité par Emmanuel Macron, favori de l’élection présidentielle française, comme un allié naturel de sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen.

Emmanuel Macron a estimé lundi pendant un meeting électoral que Jaroslaw Kaczinski, le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président russe Vladimir Poutine étaient à la tête de régimes qui ne respectent pas « la démocratie ouverte et libre » et constituaient à ce titre des « amis » et « alliés » de la candidate du Front National.

La semaine dernière, le candidat d’En Marche! avait déjà menacé, s’il est élu, de prendre des mesures contre la Pologne en l’accusant d’enfreindre « tous les principes » de l’Union européenne.

Le ministère polonais des Affaires étrangères a protesté contre l' »amalgame inopportun » d’Emmanuel Macron, d’autant plus sensible en Pologne que Jaroslaw Kaczinski soupçonne ouvertement la Russie d’avoir joué un rôle dans le crash aérien qui a coûté la vie à son frère, le président Lech Kaczinski, et à 95 autres personnes en 2010.

« Pointer du doigt une supposée alliance entre Le Pen et le dirigeant du parti Droit et Justice est une manipulation. Et l’inclusion de Jaroslaw Kaczinski dans une liste des ‘amis de Le Pen qui violent les libertés’ est infondée et très inopportune », dit le ministère dans un communiqué.

« Nous voulons aussi rappeler que quiconque connaît l’histoire et la situation interne de la Pologne n’a aucun droit d’accuser les Polonais d’avoir des affinités à l’égard de la Russie impériale », ajoute-t-il.

 

RELATIONS TENDUES AVEC PARIS

Le président de la chambre basse du Parlement a également dénoncé des propos « répréhensibles » d’Emmanuel Macron, auquel le député européen Ryszard Czarnecki a reproché de commettre une « erreur stratégique » en s’en prenant à la Pologne.

En janvier, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, avait pourtant publié sur son compte Twitter des photos de l’entretien d’une heure et demie qu’il avait eu avec Marine Le Pen.

Le mois suivant, Reuters avait appris de sources informées que les journalistes des médias publics polonais avaient reçu pour consigne de ne pas qualifier la dirigeante du Front National de candidate « d’extrême droite » et de minimiser ses relations avec la Russie.

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski, aujourd’hui dans l’opposition, le parti Droit et Justice (PiS) a, depuis qu’il est arrivé aux affaires, fin 2015, « tout fait » pour détériorer les relations de la Pologne avec la France et l’Union européenne et récolte de ce fait des critiques « qui correspondent à la réalité ».

Les relations entre Varsovie et Paris sont particulièrement tendues depuis que le gouvernement a annulé l’an dernier sans explication un contrat de 3,5 milliards d’euros remporté par Airbus pour la livraison d’hélicoptères militaires.

 

(par Lidia Kelly. Avec Michel Rose à Paris; Tangi Salaün pour le service français)