Un Malien jugé à La Haye pour la destruction de monuments
AMSTERDAM (Reuters) – Un ancien combattant islamiste, dont le procès devant la Cour pénale internationale (CPI) s’est ouvert lundi, a reconnu avoir participé à la destruction de mausolées à Tombouctou, lors du conflit de 2012 au Mali, et s’est excusé pour son crime.
Ahmed al Faki al Mahdi a demandé pardon, après avoir plaidé coupable au début de son procès, et déclaré qu’il avait été entraîné dans la « vague malfaisante » d’Al Qaïda et d’Ansar Dine, qui avaient brièvement pris le contrôle de Tombouctou.
« Je regrette ce que j’ai fait à ma famille, à ma communauté à Tombouctou, ce que j’ai fait à mon pays natal, le Mali », a-t-il déclaré devant la Cour de La Haye.
Il s’agit du premier procès international portant sur la destruction de monuments historiques et religieux et de la première affaire pour laquelle l’accusé, jugé pour crime de guerre, reconnaît sa culpabilité.
Il est poursuivi pour avoir, avec son groupe, détruit neuf mausolées musulmans et la porte d’une mosquée. La plupart de ces lieux ont été construits au XIVe siècle.
La procureur Fatou Bensouda a comparé ces actes à la destruction des monuments de Palmyre par l’Etat islamique et des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan, dynamités par les Taliban en 2001.
Le 24 mars 2016, la première Chambre préliminaire de la CPI a confirmé la charge de crime de guerre portée à l’encontre d’Ahmad al Faqi al Mahdi. Il est passible de 30 ans de prison, mais les procureurs devraient requérir une peine plus légère au regard de sa coopération. Le procès devrait durer une semaine.
« L’ouverture de ce procès historique, qui a été déféré par les autorités maliennes elles-mêmes à la CPI à La Haye, constitue un événement important », se félicite un porte-parole de l’Union européenne dans un communiqué. « Il favorise la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation dont la lutte contre l’impunité fait partie intégrante. »
« Pour l’Union européenne, la culture est non seulement la base de toute société mais aussi un facteur important de développement économique et social, de réconciliation et de paix durable », ajoute-t-il
(Toby Sterling,; Nicolas Delame et Laura Martin pour le service français)