Les islamistes du PJD marocain ont remporté les législatives
RABAT (Reuters) – Les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD), au pouvoir depuis cinq ans, ont remporté les élections législatives organisées vendredi au Maroc, juste devant le Parti authenticité et modernité (PAM), considéré par certains comme étant trop proche du palais royal.
Le PJD a remporté 125 sièges, le PAM 102 et Istiqlal, le parti de la lutte pour l’indépendance, 46 sièges, selon les résultats définitifs fournis par le ministère de l’Intérieur samedi.
Les élections pour la Chambre des représentants étaient un test de pour la monarchie constitutionnelle marocaine, cinq ans après que le roi a accordé des pouvoirs limités à un parlement élu dans la foulée du « printemps arabe ».
Selon le système électoral marocain, aucun parti ne peut obtenir la majorité absolue des suffrages d’une chambre qui compte 395 sièges. Cela suppose que le vainqueur du scrutin doit former un gouvernement de coalition.
Le roi, qui détient encore les rênes du pouvoir, choisit un Premier ministre issu des rangs du parti vainqueur des élections.
« Le peuple marocain a massivement voté pour le PJD », a dit à des journalistes le Premier ministre sortant Abdelilah Benkirane.
Un autre groupe islamiste, Justice et Bienfaisance ainsi que des partis de gauche ont boycotté le scrutin en guise de protestation contre l’emprise du roi sur le pouvoir.
DIFFICILE COALITION
Depuis sa désignation comme chef du gouvernement en 2011, Abdelilah Benkirane, leader du PJD, a entrepris des réformes économiques pour réduire le déficit budgétaire et limiter les subventions publiques. Le parti a également fait des efforts dans la lutte contre la corruption.
« Le PJD a démontré aujourd’hui qu’en étant sérieux et digne de confiance mais aussi fidèle aux institutions, en particulier la monarchie, il était le ticket gagnant », a commenté Benkirane devant la presse.
Le PAM, fondé par un ami proche de Mohamed VI désormais conseiller du palais, tentait de se présenter comme une alternative libérale aux islamistes.
Ses adversaires ont fait valoir qu’il bénéficiait du soutien de la classe dirigeante marocaine, peu favorable à un partage du pouvoir avec les représentants du PJD et qui souhaite limiter l’influence de ce dernier.
« Nous espérions plus de sièges mais notre projet moderniste a bien marché en dépit des attaques », a commenté Khalid Adnoun, porte-parole du PAM. « Il n’y aura pas d’alliance avec le PJD. S’ils forment une coalition, nous serons dans l’opposition », a-t-il ajouté.
Pendant ses premières années de pouvoir, le PJD a fait alliance avec l’Istiqlal mais les conservateurs ont choisi de se retirer en 2013 pour protester contre les réformes économiques qui pénalisaient le pouvoir d’achat.
Un quatrième parti, le Rassemblement national de l’indépendance (RNI), qui faisait partie de la coalition sortante et qui a obtenu 37 sièges, a indiqué qu’il ne souhaitait pas prolonger le partenariat avec les islamistes.
Les autres petits partis ne disposent que de quelques sièges. Cela devrait rendre délicate la constitution d’une coalition.
(Aziz El Yaakoubi et Patrick Markey; Benoît Van Overstraeten et Danielle Rouquié pour le service français)