Maurice Taylor, une grande gueule dans le pays du pneumatique Maurice Taylor, une grande gueule dans le pays du pneumatique Maurice Taylor, une grande gueule dans le pays du pneumatique
Biographie

Maurice Taylor, une grande gueule dans le pays du pneumatique

Publié le 24 juin 2013,
par VisionsMag.
Partager
()

Son nom ne vous dit peut-être rien, le P-DG de Titan International n’en est pas moins connu dans le milieu des affaires aux Etats Unis, non seulement pour sa réussite professionnelle mais également pour ses « sorties » tumultueuses. Et c’est notre ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui en a récemment fait les frais !

La rustine de l’industrie du pneu

Après des études d’ingénieur inachevées, ce fils d’industriel cumule quelques jobs avant de travailler dans l’entreprise familiale de fabrication de munitions pour les tanks de l’armée américaine.
C’est en 1983 que le « Grizz », surnom qui lui sera donné en raison de son management à poigne d’ours, réussit son premier coup d’éclat: il rachète à Firestone une usine de roues en difficultés et la redresse à raison de coupes budgétaires et autres licenciements des salariés les moins sages. La vocation de Maury est née: investir dans les entreprises de pneus agricoles en roue libre et les remettre sur de bons rails.

C’est dans ce contexte que le nom de Maurice Taylor apparaît dans les dossiers de reprise de l’usine Goodyear d’Amiens. Dès 2006, la direction de Goodyear entame un processus de restructuration de son activité en France avec pour point d’orgue l’annonce en janvier 2013 de la fermeture du site d’Amiens nord. Titan sort de son antre en 2009 en vue de racheter une partie de la division agricole du groupe pour finalement abandonner l’idée en septembre 2012 en raison de la pression des syndicats, notamment la CGT. Arnaud Montebourg, bien décidé à rattraper le coup, tente de convaincre Taylor de revenir sur sa décision.

D’un « patriotisme économique » à un populisme glissant.

Bien mal lui en a pris! La patience d’un grizzly a des limites et le coup de patte ne s’est pas fait attendre: le 8 février 2013, Taylor adresse une missive assassine à notre bon ministre, fustigeant les ouvriers de Goodyear qui « qui touchent des salaires élevés, mais ne travaillent que trois heures. »
Le populisme ricain est de sortie, morceaux choisis: « C’est pour ça qu’en France, bientôt, tout le monde sera assis dans des cafés à boire du vin rouge, mais on ne gagnera plus d’argent. » « Ils [les Français] ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures » (…) « Vous pensez que nous sommes si stupides que ça? Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français ».

Taylor n’en est pas à son coup d’essai. A ses employés syndiqués qui se mettent en grève en 1998 dans l’Iowa et le Mississippi, il suggère de s’expatrier vers Cuba, retrouver leurs camarades « gauchistes, socialistes et communistes » pour finalement les remplacer par des ouvriers non syndiqués !

 

Maurice Taylor, une grande gueule dans le pays du pneumatique
Maurice Taylor, le chef d'entreprise Titan, est habitué de provoc', et a écrit récemment une lettre au ministre du redressement productif qui expliquait, dans une manière assez explosive, pourquoi il a renoncé au site Goodyear d'Amiens-Nord.

Il atteint…1% des votes !

Il va même jusqu’à se présenter aux primaires républicains en 1996. Mais même les 6 millions de dollars dépensés au cours de la campagne – prônant en vrac le « dynamitage » du ministère des Affaires étrangères, le démantèlement du fisc, la suppression d’un tiers des postes de fonctionnaires et des retraites publiques – n’y feront rien, il repart bredouille avec… 1% des votes !

Quant à Obama, il en prend également pour son grade en 2010 dans une pleine page de journal achetée menue monnaie afin de prodiguer quelques conseils pour réduire le déficit. La solution est limpide comme le management d’une usine de pneus, feu d’artifice : fin des congés maladie ainsi que du ministère de l’Éducation, les ambassadeurs sont inutiles, supprimons le ministère des Affaires étrangères, il faut bien entendu baisser les impôts sur les entreprises et taxer les importations, et bouquet final, le Congrès ne devrait se réunir qu’une fois par mois, “ce qui obligerait les élus à passer plus de temps dans leur circonscription et leur ouvrirait un peu l’esprit ».

Une ouverture d’esprit que notre ours en caoutchouc a semble-t-il oubliée dans sa grotte…