Michel Barnier nommé négociateur de la Commission pour le Brexit
par Philip Blenkinsop
BRUXELLES (Reuters) – Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a désigné mercredi le Français Michel Barnier, ancien ministre et commissaire européen, pour diriger les négociations avec le Royaume-Uni sur le Brexit.
L’ex-ministre français des Affaires étrangères et de l’Agriculture, classé à droite, prendra ses fonctions le 1er octobre.
« Très honoré par la confiance de (Jean-Claude) Juncker pour conduire la négociation avec le Royaume-Uni », a-t-il commenté sur son compte Twitter.
Dans un communiqué, le président de la Commission salue ses capacités de négociateur, la richesse de son expérience et son réseau étendu de contacts dans les capitales des pays membres.
« Je souhaitais un homme politique expérimenté pour ce difficile travail », écrit-il. « Je suis certain qu’il se montrera à la hauteur de ce nouveau défi et nous aidera à développer un nouveau partenariat avec le Royaume-Uni quand il aura quitté l’Union européenne », a-t-il ajouté.
La Commission européenne n’a pas précisé si Jean-Claude Juncker avait consulté le Royaume-Uni ou un autre Etat membre avant de faire son choix.
« LE FLÉAU DE LA CITY »
A Londres, le gouvernement britannique a réagi à la nomination de Michel Barnier en se disant prêt à travailler avec les représentants des différentes institutions européennes.
« Nous avons dit qu’il était important que les deux parties se préparent à ces négociations. Nous avons hâte de travailler avc les représentants des Etats membres, du Conseil et de la Commission pour garantir une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’UE », a dit un porte-parole du gouvernement en réponse à une sollicitation sur le choix de Michel Barnier.
Mais il n’a pas cité nommément l’ancien ministre français tandis que des médias britanniques affichaient leur hostilité à son égard.
« Difficile d’imaginer une personnalité plus anti-Britannique », a réagi sur Twitter le rédacteur en chef du service politique du Sun, le tabloïd le plus vendu en Grande-Bretagne qui a fait campagne pour le Brexit. C’est une « déclaration de guerre », poursuit Tom Newton Dunn.
L’Evening Standard a présenté pour sa part Michel Barnier comme « le fléau de la City ».
A l’inverse, le travailliste Denis MacShane, ancien ministre des Affaires européennes, a jugé que le Français était à la fois « pro-Brit et pro-UE » et qu’il avait l’expérience requise pour comprendre que les décisions cruciales seraient prises à Berlin, Paris et dans d’autres capitales européennes plutôt qu’au siège bruxellois des institutions communautaires.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déjà nommé un fonctionnaire belge, Didier Seeuws, pour préparer les discussions sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE. La nature des relations futures entre Didier Seeuws et Michel Barnier reste encore à définir.
Michel Barnier, 65 ans, a été commissaire européen au Marché intérieur entre 2010 et 2014 et a été impliqué à ce titre dans les réformes du secteur des services financiers et dans la création d’une union bancaire.
L’ancien ministre, qui avait co-organisé les Jeux olympiques d’Albertville en 1992, a été remplacé au commissariat européen aux services financiers par le Britannique Jonathan Hill. Ce dernier, qui a oeuvré pour une union des marchés de capitaux en Europe, a démissionné après la victoire du Brexit lors du référendum du 23 juin.
(avec Estelle Shirbon à Londres, Jean-Stéphane Brosse, Laura Martin et Henri-Pierre André pour le service français)