Imogen Heap, auteur-compositrice-interprète britannique, est à l’initiative d’une nouvelle plate-forme de distribution de musique, Mycelia, qui pourrait redonner aux musiciens le contrôle sur leurs œuvres.
Le monde de la musique est en crise : à l’ère du numérique, les ventes de disques sont en chute libre et la musique s’écoute de plus en plus sur des sites de streaming. Or, un nombre grandissant d’artistes s’opposent à ce système qui leur serait financièrement défavorable. Le chanteur Prince a ainsi retiré ses titres des plates-formes d’écoute en ligne, Roger Waters (le bassiste de Pink Floyd) a quant à lui récemment exprimé sa colère contre le streaming, désignant des sites comme Spotify ou Deezer comme des « voleurs ».
Mettre les artistes en contact direct avec les internautes
La chanteuse récompensée en 2007 par le Grammy Awards de la meilleure nouvelle artiste est également connue pour avoir inventé les gants connectés qui transforment le mouvement des mains en musique électronique. Imogen Heap est donc à la pointe des nouvelles technologies.
En créant Mycelia, l’artiste britannique a voulu agir pour s’adapter aux récentes évolutions du numérique en imaginant une nouvelle plate-forme. Sur son site qui doit être développé en mois avril 2016, les utilisateurs payeront directement les artistes sans intermédiaire. Il fonctionnera en effet comme une base de données musicales partagées par tous les utilisateurs d’un même réseau.
La blockchain, une révolution technologique
Mycelia fonctionne grâce à la blockchain, une technologie qui permet de gérer une liste d’enregistrements protégés contre la falsification ou la modification. Avec ce processus, on peut donc enregistrer mais aussi authentifier tous les types de données. Un procédé qui, pour les artistes, permettrait d’enregistrer ses droits d’auteurs sur une œuvre numérique et de suivre plus facilement sa diffusion. Les œuvres numériques étant reproductibles et échangeables à l’infini, ce système donnerait lieu à un contrôle plus strict des droits d’auteur.
Mycelia : redonner aux musiciens le pouvoir sur leurs royalties
Pour les musiciens, une plate-forme d’écoute basée sur la blockchain permettrait aussi de pouvoir suivre le nombre d’écoutes, de téléchargements et surtout de savoir où et quand un titre est écouté et l’aider à mieux comprendre le public et ses attentes. Car aujourd’hui, les artistes n’ont pas réellement accès à ces données et la plupart d’entre eux n’ont aucune idée de la provenance de leurs revenus. En effet, la distribution est encore un aspect de la musique qui reste très opaque et les sites de streaming ainsi que les labels ne reversent qu’une infime part des royalties aux artistes dont les titres sont diffusés.
Pour se rémunérer, des sites de streaming comme le Suédois Spotify ou le Français Deezer fonctionnent aujourd’hui grâce à la publicité diffusée entre chaque titre et grâce aux comptes payant des abonnés Premium. Mais il semble que ce système ne soit pas assez équitable puisque les artistes ne récupéreraient que 15 à 20 % des recettes engendrées par leurs créations (source). Sur YouTube, 3 possibilités s’offrent aux artistes : le site laisse en effet le choix aux auteurs de supprimer les œuvres si les droits ne sont pas respectés, de les monétiser grâce à la publicité ou de les laisser en libre accès moyennant l’accès à certaines données récoltées par l’entreprise.
Un modèle économique à réinventer
En supprimant les intermédiaires, Mycelia propose donc une alternative plus équitable, plus flexible et surtout plus transparente pour les artistes. Si le modèle basé sur la blockchain s’avère viable, il ne sera peut-être une solution contre le principal problème des artistes : le téléchargement illégal. En attendant, Imogen Heap a choisi de sortir sa dernière chanson Tiny Human via cette nouvelle plate-forme dont le lancement ne devrait plus tarder. A bon entendeur…
Sources des photos : forbes.com / cloudfront.net