Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant
Biographie

Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant

Publié le 16 novembre 2015,
par VisionsMag.
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Les actes terroristes perpétrés vendredi 13 novembre par le groupe Daesh nous touchent en plein cœur. Comment combattre cette barbarie ? Certains ont pris les armes mais pas n’importe laquelle : la caricature. Et ils font cela au risque de leur vie. Ainsi depuis plusieurs années, Osama Hajjaj, caricaturiste jordanien, dénonce l’oppression exercée par les groupes religieux extrémistes au Moyen-Orient, ce qui lui vaut aujourd’hui des menaces de la part d’ISIS.

À l’automne 2013, quand il a appris les attaques à l’arme chimique ordonnées par le président syrien Bashar al-Assad, le caricaturiste jordanien Osama Hajjaj a illustré un guide insolite avec des techniques de survie à l’usage de ceux qui sont pris dans la tourmente d’un état de guerre incongru. C’était un exemple du pouvoir de l’humour pour adresser une menace aussi réelle que celle de la guerre.

Quand des Occidentaux se sont fait décapiter aux yeux du monde par une campagne de terreur de l’Etat islamique, il a également fait partie des dessinateurs qui ont dénoncé les rouages de cette campagne. Après tout, si ISIS détourne l’Islam de ses principes sacrés, Osama Hajjaj peut bien détourner les principes d’ISIS. De plus, ce dernier les connaît ; ils l’ont déjà menacé, lui et sa famille.

Né en 1973 à Amman en Jordanie, Osama Hajjaj a commencé sa carrière de caricaturiste au sein de l’hebdomadaire Al Ma’ra en 1990. Avec son frère, ils créent Hajjaj Brothers Creative Productions et travaillent pour différents médias. Les deux frères sont également très présents au sein des associations de défense de la liberté d’expression. Depuis l’attentat commis contre la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, la peur s’est accrue chez les caricaturistes et la défense de leur liberté de dessiner est au centre de leur préoccupation. Si de tels attentats ont frappé Charlie Hebdo, ils peuvent frapper tout le monde.

Malgré son entreprise, Osama Hajjaj n’a pas mis la presse de côté pour autant et reste le dessinateur fétiche du quotidien jordanien Al Arab Al Youm, un journal indépendant établi en 1996, qui a connu quelques obstacles à sa publication, de la censure aux difficultés financières le forçant à cesser sa parution entre juillet et décembre 2013. Depuis, le journal regagne un peu de lectorat et surtout beaucoup de surveillance de la part des Islamistes.

On ne rit pas de l’Etat islamique

On ne rit pas de l’Etat islamique ! En effet, cette année, Al Arab Al Youm a publié un dessin d’Osama Hajjaj représentant un membre du groupe extrémiste utilisant un sabre ensanglanté comme une perche à selfie. Un dessin choc qui a touché l’opinion mais aussi eu pour conséquence une amplification des menaces de Daech.

Au printemps, Osama Hajjaj a reçu d’innombrables insultes et des menaces de mort des supporters de l’EI en Jordanie en raison de la publication d’un dessin humoristique sur lequel il montre l’isolement sur la plage d’une femme portant la burqa.

Osama Hajjaj est un habitué des menaces. Alors qu’il s’intéressait à la révolution égyptienne, il en avait déjà subi. À l’époque, certains Égyptiens décrétaient qu’un dessinateur jordanien n’avait pas à s’occuper des affaires égyptiennes. Mais selon le dessinateur, les caricatures sont un moyen inédit pour résumer des situations complexes qu’il est plus difficile à décrire par écrit.

Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant
Osama Hajjaj, caricaturiste jordanien, dénonce l’oppression exercée par les groupes religieux extrémistes au Moyen-Orient, ce qui lui vaut aujourd’hui des menaces de la part d’ISIS.
Osama Hajjaj : combattre l’extrémisme en le dessinant

Un combat de plus en plus dur

D’après l’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières, ISIS est devenu une menace sérieuse à l’encontre des journalistes dans le monde, notamment en Syrie et en Irak, où les métiers des médias sont quasiment impossibles à exercer.

Informer devient un combat d’autant plus difficile que l’Etat islamique joue aujourd’hui dans la même cour que les journalistes, utilisant eux-mêmes les nouveaux moyens technologiques de diffusion de l’information afin d’étendre leur présence mondiale.

Pourtant, en agissant de la sorte, l’Etat islamique devient en réalité une source encore plus grande de caricatures pour les dessinateurs. Le 31 mai dernier, l’Iran a même organisé un concours international de caricatures pour le tourner en dérision. Plus de 800 candidatures ont été reçues du monde entier et près de 300 ont été exposées à Téhéran.

Photos : toparabics.com / cartoonmovement.com