par TJ Strydom et Tanisha Heiberg
PRETORIA (Reuters) – L’ancien sportif paralympique sud-africain Oscar Pistorius a été condamné mercredi à six années de prison pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp en 2013 et immédiatement incarcéré.
Lors du procès en appel, le ministère public avait requis un minimum de 15 années de réclusion, comme le prévoit la loi, estimant qu’Oscar Pistorius n’avait montré aucun remords.
La juge Thokozile Masipa a expliqué mercredi qu’une longue peine de prison n’était pas de mise dans cette affaire.
« L’opinion publique peut être bruyante et tenace, mais, elle n’a pas de rôle à jouer dans la décision de la cour », a déclaré la magistrate. « Je suis d’avis qu’une longue peine de prison ne servira pas la justice. »
Oscar Pistorius n’intentera pas de recours contre cette sentence, a annoncé l’équipe de ses défenseurs.
Il purgera « entre la moitié et les deux tiers de la peine » avant de pouvoir faire une demande de libération conditionnelle, a déclaré Andrew Fawcett, un de ses avocats.
Le ministère public n’a pas dit s’il avait l’intention de contester la décision.
L’athlète de 29 ans a été amputé des deux jambes au-dessous des genoux quand il n’était qu’un nourrisson. Ses avocats avaient fait valoir lors du procès en appel que son handicap et son état de stress mental devaient être considérés comme autant de circonstances atténuantes, ce que la magistrate a largement reconnu.
« UNE INSULTE AUX FEMMES »
Oscar Pistorius avait été reconnu coupable de meurtre par la cour d’appel en décembre dernier. Il avait été condamné en première instance à cinq ans de prison pour homicide par la juge Masipa, une peine jugée trop clémente par la famille Steenkamp et les associations de défense des droits des femmes.
Dans son arrêt mercredi, la juge reconnaît la souffrance de la famille Steenkamp et souligne aussi que « la vie de l’accusé ne sera également jamais plus la même ». C’est « un héros déchu » qui « ne pourra jamais être en paix », dit-elle.
Oscar Pistorius était sorti de prison en octobre dernier après près d’une année derrière les barreaux pour purger le restant de sa peine de cinq ans en résidence surveillée chez son oncle dans une banlieue aisée de la capitale.
Certains groupes de défense des droits de l’homme ont accusé Oscar Pistorius, blanc riche et célèbre, d’avoir été traité de façon privilégiée en comparaison d’autres accusés n’ayant pas son statut.
« Passer de 15 ans à six ans dans ces circonstances me semble incroyablement généreux pour Oscar », a souligné Paul Hoffmann, avocat et dirigeant de l’organisation de défense des droits de l’homme Accountability Now.
« Il est tout à fait possible qu’après tous les efforts engagés dans la procédure, Gerrie Nel (le procureur chargé de l’accusation NDLR) tente de relancer l’affaire pour obtenir un verdict pour lourd », a-t-il dit.
Des membres de l’ANCWL, la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui ont assisté au procès pour soutenir Steenkamp, ont estimé que la peine de six ans de prison décidée par la juste était insuffisante.
« D’abord cinq ans, maintenant six ans ? C’est gênant pour le système judiciaire », a déclaré Jacqueline Mofokeng, porte-parole de l’ANCWL. « C’est une insulte aux femmes de ce pays. »
Devant le tribunal, un groupe de manifestants brandissaient des pancartes en soutien au sportif condamné. « Rendez je vous en prix sa liberté à Oscar », disait l’une d’entre elles.
(James Macharia; Tangi Salaün, Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français)