Le pape François reçoit la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi
CITE DU VATICAN (Reuters) – Le Vatican et la Birmanie ont totalement rétabli leurs relations diplomatiques jeudi après un entretien entre le pape François et la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi.
Cette initiative qui n’avait pas été annoncée va permettre au Vatican d’avoir davantage d’influence en Birmanie au moment où le pays, qui sort lentement d’une longue période de dictature militaire, est critiqué pour les exactions contre la minorité musulmane Rohingya.
Le seul cardinal du pays, Charles Maung Bo, estime le nombre de catholiques birmans à 700.000 dans un pays de 51,4 millions d’habitants, en très grande majorité bouddhistes.
Le Vatican était jusqu’ici représenté par une délégation apostolique auprès de l’Eglise catholique de Birmanie, dont le siège est en Thaïlande. De nombreux chrétiens birmans font partie des minorités ethniques qui vivent le long de la frontière thaïlandaise et qui ont lutté pendant des décennies contre le pouvoir central.
Le pape François a reçu Aung San Suu Kyi pendant 30 minutes et a remis à l’ancienne prix Nobel de la paix, qui a toujours plaidé en faveur de la résistance non violente face à la junte militaire birmane, un exemplaire de son propre livre consacré à la non violence en politique.
La « dame de Rangoun » a été très critiquée depuis qu’elle a pris la tête l’an dernier du premier gouvernement civil depuis le coup d’Etat militaire de 1962 en raison de son silence sur les atrocités dont sont victimes les Rohingyas.
En février, le pape avait vivement dénoncé les violences contre la minorité musulmane vivant près de la frontière avec le Bangladesh après la publication d’un rapport de l’Onu faisant état de massacres, viols collectifs et autres exactions commis par l’armée birmane.
Mardi, pendant une conférence de presse commune avec Aung San Suu Kyi, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a apporté son soutien à l’envoi d’une mission d’enquête internationale par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu, malgré les « réserves » émises par la Birmanie.
(Philip Pullella; Tangi Salaün pour le service français)