Passage de relais à la tête de Ricard : Alexandre Ricard Passage de relais à la tête de Ricard : Alexandre Ricard Passage de relais à la tête de Ricard : Alexandre Ricard
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Passage de relais à la tête de Ricard : Alexandre Ricard

Publié le 12 février 2015,
par VisionsMag.
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Compenser l’essoufflement des ventes en Asie, se positionner sur les marchés émergents, tirer le meilleur parti des technologies innovantes, et faire de Pernod Ricard la première marque mondiale de spiritueux… Telle est la feuille de route que s’est fixée Alexandre Ricard, qui a été nommé à la tête du groupe le 11 février.

Lorsque, en août 2012, survient le décès de Patrick Ricard, l’émotion est vive au sein du groupe. La disparition brutale de ce capitaine d’industrie, qui avait présidé à l’ascension fulgurante de l’entreprise familiale, ouvre alors une période de transition qui a pris fin le 11 février. L’arrivée d’Alexandre Ricard au poste de président est donc planifiée de longue date, depuis le conseil d’administration du 29 aout 2012, où les directives laissées par Patrick Ricard en faveur de son neveu ainsi qu’un large consensus de la part des cadres dirigeants entérinent la nomination d’une troisième génération de Ricard. Ce passage de flambeau, effectué aux côtés de Pierre Pringuet et qui aura duré plus de deux années, a permis au petit-fils de Paul Ricard d’assimiler tous les fondamentaux nécessaires à la direction d’une entreprise dont la capitalisation boursière dépasse les 28 milliards d’euros.

« Plus tard, je serai chef d’entreprise »

Le jeune Alexandre, qui passe une partie de sa jeunesse en Floride, est un élève brillant, au point de recevoir les félicitations du président Ronald Reagan, envoyées alors aux collégiens les plus prometteurs. Sport, langues étrangères et musique font partie des activités de cet étudiant sérieux, qui sort diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP) et part outre-Atlantique trois années durant pour y étudier la gestion des entreprises. Son entourage familial lui transmet les valeurs de l’entrepreneuriat, et son grand-père, lors de parties de pêche au large des Embiez, lui révèle parfois quelques secrets de management. Après avoir terminé en 2001 son MBA à Wharton, spécialisation finance, il intègre brièvement Andersen Consulting et Morgan Stanley, puis Pernod-Ricard en 2003.

Un secteur en perpétuel mouvement

Première mise à l’épreuve : on lui confie la gestion d’Irish Distillers, qui produit le whisky Jameson, et dont il parvient à doubler les ventes en quelques années. Puis il prend la direction de la filiale Asie Duty Free, avant de devenir, en 2011, directeur général délégué de Pernod-Ricard. Il assiste aux réussites du groupe, matérialisées par l’acquisition de l’entreprise anglaise Allied Domecq, du leader canadien Seagram, des champagnes Mumm et Perrier-Jouët, du whisky Ballantine’s et, surtout, de la vodka Absolut. En l’espace d’une décennie, Pernod-Ricard se propulse à la seconde place mondiale de son secteur d’activité, les ventes quintuplent, et les profits sont multipliés par sept. Pourtant, quelques évènements conjoncturels sont venus ces dernières années assombrir ce bilan. Les cadres chinois, qui avaient coutume d’offrir sans compter cognac et whisky précieux, sont depuis 2012 refrénés par une loi anti-corruption interdisant de tels présents. Aux Etats-Unis, le marché se contracte, et la versatilité des monnaies ampute des bénéfices en recul, entrainant des suppressions d’emplois en France et à l’étranger. Des problématiques auxquelles Alexandre Ricard, en prenant les commandes de l’entreprise, va devoir faire face.

Garder la tête froide

Loin de paniquer, les cadres de Pernod-Ricard, qui disposent de la confiance des investisseurs, parviennent à limiter les dégâts. Alexandre Ricard a participé, par la mise en pratique de certaines de ses idées, au redressement de la situation. Connaissant le marché asiatique, il participe au recentrage des produits. Si les cognacs à 1000 euros la bouteille se vendent moins, l’accent a été mis sur des marques moins chères, dont les ventes ont aussitôt grimpées. S’adapter constamment aux mutations des marchés est la clé de la réussite, et Alexandre Ricard en a parfaitement conscience. Et si Asie et Amérique du Nord consomment moins, ce n’est guère le cas de l’Afrique, nouvel eldorado du groupe, qui y a créé six filiales en l’espace de deux ans. Une dynamique qui permet à Pernod-Ricard de renouveler ses perspectives de croissance, à condition toutefois de prendre la mesure de ce contexte inédit. Pour cela, le futur PDG ne manque ni d’idées ni de créativité, et ses ambitions pour l’entreprise touchent à la fois son fonctionnement en interne et son expansion à l’international.

Soif d’innovation

Sous la houlette d’Alexandre Ricard, une profonde impulsion a été lancée en faveur du développement technologique du groupe, à tel point que le magazine Forbes, dans son classement des entreprises les plus innovantes, place en 2012 Pernod-Ricard au 15ème rang mondial, et au premier rang français . Des applications de géolocalisation ont été développées, pour trouver bars et amis. D’autres suggèrent des idées cocktail en fonction d’ingrédients déterminés. La présence sur les réseaux sociaux a été renforcée, permettant d’établir un contact direct avec les consommateurs ainsi que de bénéficier d’une plus grande réactivité. Cet accent mis sur la communication a aussi été déployé au sein de l’entreprise, et les 18000 employés utilisent depuis 2012 le logiciel interne PR Chatter. Un employé peut s’y exprimer et y être entendu par tous, sans aucune barrière hiérarchique. Pour une société qui possède des filiales disséminées à travers le monde, l’utilisation d’un tel outil, véritable agora d’entreprise, permet de brasser les idées en temps réel et de servir la vision défendue par Alexandre Ricard : « Les entreprises qui ne pensent pas digital aujourd’hui ont selon moi du souci à se faire » .

Passage de relais à la tête de Ricard : Alexandre Ricard
A 42 ans, Alexandre Ricard, qui s’apprête à prendre les rênes de l’entreprise fondée par son grand-père, ne cache pas ses ambitions

Futur numéro 1 mondial ?

Si l’établissement, par l’intermédiaire du numérique, de nouvelles formes de relations tant avec les employés qu’envers les clients s’avère être un succès, le véritable défi d’Alexandre Ricard sera de faire de son groupe le leader mondial des spiritueux. Dans la ligne de mire, le géant Diageo, qui gère les marques Guinness, J&B, Johnnie Walker, Smirnoff, et dont la capitalisation dépasse les 65 milliards d’euros. Aucune raison d’être intimidé , affirme un Alexandre Ricard particulièrement motivé, conscient que sa société possède un plus large panel de marques que son concurrent direct. Pernod-Ricard, qui va cette année célébrer les quarante ans de sa création, n’a pas vocation à demeurer le « Poulidor des spiritueux » , et nul doute qu’Alexandre Ricard va mobiliser tous les moyens qui se trouvent à sa disposition pour parvenir à ce but.

Sources des photos :i.telegraph.co.uk / images.lesechos.sdv.fr