Pedro Reyes, chef d'orchestre d'instruments mortels
Artiste mexicain et fervent militant pour la paix, Pedro Reyes a trouvé un moyen très particulier d’œuvrer dans ce sens, en créant un orchestre composé de cinquante instruments bricolés à partir d’armes recyclées !
Las des coups de feu et des meurtres très à la mode dans son pays, Pedro Reyes décide en 2008 de mener campagne, “Palas Por Pistolas”- des pelles contre des pistolets – dans la ville du nord-Ouest du Mexique Culiacán, connue pour ses narcotrafficants et son taux élevé de crimes. Il propose alors aux habitants un échange : leurs armes contre des appareils ménagers!
Pedro Reyes à Culiacán = des pelles contre des revolvers !
Le résultat est convaincant puisque 1 527 arbres ont pu être plantés grâce à la collecte de 1 527 armes qui, une fois broyées, ont pu été recyclées en 1 527 pelles…utiles au précieux jardinage, bouclant ainsi le cycle du recyclage.
Pedro Reyes transforme Ciudad Juarez en ville philharmonique
Fin 2012, Pedro Reyes renouvelle l’expérience à Ciudad Juarez, cette fois-ci en poussant le projet jusqu’à la collecte des stocks d’armes du gouvernement mexicain. Avec toutes les armes récupérées, du revolver, au fusil en passant par la mitraillette, l’artiste mexicain envisage une manière encore plus innovante de recyclage : la musique. Ce projet qui s’intitule “Disarm”, redonne vie à des objets mortels pour les transformer en instruments vitaux, désormais slogan de l’ingénieuse idée.
Quoi de plus original que d’écouter un orchestre composé de cinquante armes plus harmoniques les unes que les autres ?
Pedro Reyes, exorciste pour armes à feu
Le désormais célèbre sculpteur, conscient de ce que représentent ces armes qui ont ôté la vie à de nombreuses personnes, souhaite redonner à ces objets, et à leurs propriétaires, une seconde chance.
Histoire d’exorciser les démons que ces armes renfermaient auparavant, désormais véritables odes à toutes ces vies perdues !
La violence, thème à la mode dans le monde de l’art mexicain
Si la violence est devenue le thème récurrent de l’art mexicain, Pedro Reyes voit cela comme un moyen de proposition plutôt que comme un moyen de protestation. L’un des pairs du sculpteur, Teresa Margolles, travaille, elle, sur la collecte de pièces de scènes de crimes, telles que des bris de glace ou des vêtements encore emprunts de boue ou de sang.
C’est cette violence qui a inspiré Pedro Reyes. Mais pour donner à ces armes une fonction diamétralement opposée de celle qu’elles avaient initialement. Et espérer que la transformation qui s’opère sur ces machines à tuer, se fasse également au sein de la société.
L’orchestre d’armes à la London’s Lisson Gallery
Pedro Reyes a bon espoir. Celui de promouvoir son message à l’échelle international, notamment grâce à l’exposition de ces instruments de musique atypiques à la Lisson Gallery de Londres, qui a eu lieu en mars 2012. Et plus tard, au cours de cette même année, aux Etats-Unis.
Pour le sculpteur mexicain, ce projet a un but pacifiste certain, celui de créer une prise de conscience mondiale au sujet des trafics d’armes.
Ne reste plus qu’à prendre un ticket pour la prochaine représentation de cet orchestre incontestablement mortel !