Philippe Villin, l'homme de l'ombre

De son père patron de PME dans le bâtiment, il garde surtout le sens de la méthode et une certaine exigence. Philippe Villin a fait ses armes à l’ENA, et après quelques années dans l’administration, il réalise que ce monde n’est pas fait pour lui. Un autre univers l’attire beaucoup plus : le monde des médias. Il intègre le Groupe Hersant, et son quotidien phare Le Figaro, qu’il va faire évoluer.

Le patron de cette vieille maison, Robert Hersant, est subjugué par ce jeune homme de 29 ans. Philippe Villin s’entoure de jeunes comme lui et, grâce à son analyse de la concurrence et son observation de la presse anglo-saxonne, apporte de nouvelles idées. Il est à l’origine, entre autres, des pages saumon du Figaro, du Figaroscope. Il transforme France-Soir, autre titre du groupe, en quotidien gratuit, bien avant l’apparition des 20 Minutes et autres Métro. L’aventure s’arrête en 1994, après quelques tensions en interne et un différend avec Robert Hersant, suite à une tentative de rachat du Figaro avec l’aide de Bernard Arnault.

Un homme à part avec un puissant carnet d’adresses

Après cet échec, de vaines tentatives de prises de contrôle de groupes familiaux en difficulté et malgré un passage chez Lehman Brothers, Philippe Villin ne se révèle ni comme un grand entrepreneur ni un grand patron. Il incarne toutefois un rôle incontournable : il devient le conseiller indispensable des grands du CAC 40. C’est un personnage par nature solitaire mais extrêmement puissant. De son passage chez Hersant, il gardera un carnet d’adresses très important. Aujourd’hui son quotidien peut se résumer par des rendez-vous avec le patron d’Air France, des déjeuners avec le PDG de Safran ou le directeur financier de Lagardère, des déplacements dans le monde entier. Philippe Villin connaît et influence les plus grands chefs d’entreprise.

Des dossiers brûlants et un patrimoine hôtelier

Il peut ainsi, de par sa connaissance du monde des affaires, cette forme d’hyperactivité qui fait sa personnalité et surtout son indépendance qui est sa marque de fabrique, prendre part à toutes les grandes décisions. Il a notamment travaillé sur le dossier Dalkia, la filiale partagée entre EDF et Veolia. Il a conseillé la copropriétaire des Galeries Lafayette, il a participé au rapprochement Sanofi-Aventis. Il travaille pour Orange, ou encore L’Oréal. Mais il est aussi là où on ne l’attend pas, puisque depuis 2005, il est propriétaire de cinq hôtels trois étoiles à Paris, gérés par sa plus fidèle assistante : Martine Coquard.

Et la politique dans tout ça ?

Philippe Villin aimerait pouvoir influer sur l’avenir du pays et donc des décisions politiques comme il le fait pour les entreprises. Son cheval de bataille : la lutte contre la monnaie unique européenne. Il a avoué que l’homme politique dont il est le plus proche en termes de personnalité est Nicolas Sarkozy. Il a d’ailleurs ajouté : “ma grande déception, c’est de ne pas l’avoir convaincu de foutre en l’air l’euro. » L’avenir nous dira quel rôle ce consultant hors normes jouera dans la politique européenne.

Sources des photos : www.challenges.fr/ www.lemonde.fr

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