Plastic Odyssey, le bateau qui transforme les déchets plastiques en carburant
Quatre jeunes Français ont récemment construit un petit bateau qui peut avancer grâce aux déchets plastiques. Une révolution dont le but est d’alerter sur l’usage du plastique et de trouver des alternatives pour endiguer cette pollution de masse (chaque minute, 18 tonnes de plastique sont rejetées dans la mer aux quatre coins du globe).
L’initiateur de ce projet fou est un jeune Breton de Concarneau, Simon Bernard (26 ans). Avec une double casquette d’ingénieur et d’officier de la marine marchande, il décide de mettre ses compétences au service d’un projet environnemental. Le déclic survient pendant une escale à Dakar, au Sénégal, lorsqu’il voit de grandes quantités de déchets plastiques dériver vers le large.
Quatre jeunes de moins de 30 ans
Il prend conscience qu’il y a urgence à lutter contre cette fatalité et comme il est inventeur dans l’âme depuis tout petit, il se lance dans une aventure avec trois autres jeunes de moins de trente ans, Benjamin De Malliens, Bob Vrignaud et Alexandre Dechelotte, tous originaires de l’Ouest de la France et qui ont grandi près de la côte Atlantique.
En juin 2018, ils mettent à l’eau à Concarneau leur prototype « Ulysse », un petit bateau capable d’avancer grâce à un carburant produit avec des déchets plastiques récupérés et directement traités à bord. Ils utilisent la technique de la pyrolyse qui nécessite plusieurs étapes de récupération, transformation et utilisation du matériau plastique.
Une fois ramassé, le plastique est broyé et réduit en paillettes de cinq millimètres qui sont chauffées ensuite dans un four à 420 °C. Les molécules se cassent et s’évaporent, ce qui laisse place à une distillation qui permet en une heure, sur 4 ou 5 kg de déchets plastiques, de récupérer environ trois litres de carburant. Le plastique étant fabriqué à base de pétrole, ce traitement permet de récupérer les molécules de pétrole afin qu’il serve de nouveau à un carburant constitué à 75 % de diesel et de kérosène et à 25 % d’essence.
Un procédé qui existe déjà à l’échelle industrielle
Ce procédé existe déjà, mais à plus grande échelle car utilisé par des grosses usines de recyclage, notamment Sita UK, une filiale de Suez Environnement au Royaume-Uni. La grande prouesse des jeunes ingénieurs est de parvenir à l’appliquer à une petite échelle afin d’obtenir un produit accessible à tous les consommateurs. Ils aimeraient produire des catalyseurs à moins de 100 euros tandis que ceux déjà existants et utilisés dans les usines coûtent plus de 15.000 euros. Ils ont présenté leur prototype au salon nautique de Paris début décembre 2018 et leur but est maintenant de construire le Plastic Odyssey, ce catamaran de 25 mètres qu’ils enverront sur les océans bordant l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Asie pendant trois ans à compter de mars 2020.
Le bateau sera donc propulsé par des déchets plastiques mais possèdera aussi son usine mobile de recyclage avec un atelier qui servira à construire des machines low-tech et open-source. Les populations locales pourront monter à bord afin d’observer les technologies utilisées et être sensibilisées au recyclage du plastique.
Le Plastic Odyssey comme ambassadeur
Le Plastic Odyssey sera un ambassadeur du recyclage plastique et une façon de présenter au monde les trois machines sur-lesquelles ils travaillent et dont ils espèrent une production en série à partir de 2024 à des coûts accessibles pour les petits entrepreneurs voire les particuliers. Il s’agit d’un capteur optique triant les dix sortes de plastique, d’une machine à recycler le plastique afin d’en faire de nouveaux objets et du fameux transformateur qui est capable de changer un kilo de déchets plastiques en un litre de carburant.
Déjà financé par des mécènes, le projet espère aussi attirer du sponsoring afin de débloquer des fonds permettant de développer toutes ces innovations et d’attirer le grand public à travers une stratégie de communication. Les premiers articles de presse parus au cours de l’année 2018 ont déjà attiré de nombreux bénévoles, jeunes ingénieurs ou encore amoureux de la nature qui sont venus à Concarneau mettre la main à la patte afin de contribuer à cet acte écologique.
Car le projet environnemental défendu par le Plastic Odyssey redonne espoir dans ces heures où l’on est assommé par les chiffres montrant que le plastique est en train de tuer la planète.
Sources des photos : plasticodyssey.org / france3-regions.francetvinfo.fr / we-explore.org