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Politique

Pologne : Tempête au sommet de la PO avant les législatives

Publié le 16 septembre 2015,
par VisionsMag.
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La Pologne est sous le choc. Suite à l’affaire des écoutes compromettant plusieurs personnalités politiques qui avait éclaté en 2014, des figures clés de la Plateforme civique (PO – centre droit) ont été contraintes de démissionner de leurs postes en juin. Radoslaw Sikorski, ancien ministre et président du parlement, n’y a pas échappé. Une situation plus que délicate pour la PO avant les législatives.

Un an après que le scandale des écoutes impliquant plusieurs dirigeants politiques hauts placés ait été dévoilé dans la presse, de grands noms ont été rayé de la vie politique polonaise au mois de juin 2015.

La chef du gouvernement Ewa Kopacz (PO) a annoncé le 10 juin la démission de six membres du gouvernement ainsi que celle de Radoslaw Sikorski, tous cités dans l’affaire des écoutes illégales. Il s’agit d’une véritable tempête politique, seulement un mois après l’élection présidentielle qui a vu triompher Andrzej Duda de Droit et Justice (PiS), et à quatre mois des élections législatives prévues en octobre 2015. Ewa Kopacz a annulé un déplacement à Bruxelles pour venir s’excuser en personne devant les Polonais : « au nom de Plateforme civique, je vous demande pardon.(source

Parmi les têtes coupées : Radoslaw Sikorski

Parmi les têtes coupées de la PO figurent Radoslaw Sikorski qui occupait le poste de président de la Diète polonaise, la 2ème plus haute fonction politique en Pologne, Bartosz Arlukowicz le ministre de la Santé, Wlodzimierz Karpinski le ministre du Trésor, Andrzej Biernat le ministre au Sport, l’ancien ministre des Finances Jacek Rostowski et enfin Jacek Cichocki membre du cabinet des ministres et coordinateur des services spéciaux. Radoslaw Sikorski a officiellement démissionné de son poste le 21 juin, et il a été remplacé par Malgorzata Kidawa-Blonska (PO) qui se trouve désormais à la tête du parlement polonais. Il a expliqué son geste par une volonté de préserver son parti lors des élections législatives en octobre.

l’affaire des écoutes illégales

La première secousse avait été ressentie en juin 2014, lorsque le journal Wprost avait révélé au grand jour des enregistrements réalisés illégalement dans les restaurants varsoviens Sowa & Przyjaciele et Amber Room. Ces écoutes faisaient part de propos grossiers et déplacés de la part d’hommes influents de la PO. Initialement les entretetiens entre Marek Belka le président de la banque centrale polonaise et l’ancien du ministre de l’Intérieur Sienkiewicz avaient été pointés du doigt, mais ces écoutes ont mis en cause d’autres personnalités comme Sikorski ou Rostowski.

Bien que ces discussions n’aient pas dévoilé des informations confidentielles, leurs commentaires cyniques et révélant connivences entre les sphères politiques et économiques ont heurté l’opinion politique polonaise et ont écorné l’image de la PO, alors que Donald Tusk était Premier ministre de la Pologne – avant qu’Ewa Kopacz ne le remplace en septembre 2014 suite à la nomination à la tête du Conseil européen. A titre d’exemple, Radoslaw Sikorski qui était à l’époque ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Donald Tusk aurait qualifié de « bullshit » l’alliance entre la Pologne et les Etats-Unis, et aurait critiqué la politique étrangère du Royaume-Uni.

Si ces révélations gênantes n’avaient pas eu de retombées conséquentes pour la PO en 2014, ce fût une autre pire de manches en juin dernier. Le 8 juin, les 2500 pages de l’enquête – toujours en cours – ont été intégralement publiées sur la page Facebook de Zbigniew Stogona, un homme d’affaires proche du parti populiste de droite Autodéfense. Le parquet qui a reconnu l’authenticité des documents n’aurait pas été à l’origine de la fuite qui serait venue d’une des parties. Après une brève inculpation pour violation du secret de l’instruction l’homme d’affaire a été relâché mais il reste sous surveillance policière. La diffusion massive du dossier contenant les enregistrements des propos d’hommes politiques hauts placés de la PO ainsi que des témoignages sensibles a cette fois eu l’effet d’un tremblement de terre, aboutissant à la démission forcée des personnalités phares du parti au pouvoir.

Pologne : Tempête au sommet de la PO avant les législatives
Le numéro deux de l’Etat polonais Radoslaw Sikorski, ainsi que des personnalités influentes du parti au pouvoir, ont dû démissionner en juin 2015 suite à leur implication dans une affaire sulfureuse d’écoutes dévoilée en 2014

Un scandale qui éclate à un moment critique

Cette hécatombe au sommet du parti au pouvoir intervient au mauvais moment, alors que la PO est en perte de vitesse un mois après l’élection présidentielle perdue et à quatre mois des législatives. En effet le 24 mai 2015, Bronislaw Komorowski, le président sortant qui portait les couleurs de la PO, a perdu à la surprise générale l’élection présidentielle. Andrzej Duda qui s’est présenté sous l’emblème du parti conservateur Droit et Justice (PiS) est sorti vainqueur du scrutin, alors que quelques mois plus tôt son nom était « inconnu au bataillon ». Le scandale des écoutes qui a entaché la réputation des membres influents de la PO a été évoqué comme étant une des causes de l’échec du parti aux présidentielles.

L’hécatombe au plus niveau du de la PO pouvait difficilement tomber à un moment plus embarrassant pour le parti du gouvernement, affaiblissant son assisse politique à quatre mois des élections législatives, qui pourraient bien voir triompher le parti de Jaroslaw Kaczynski (PiS). Ewa Kopacz a d’ailleurs reconnu que la campagne pour les législatives étaint déjà entamée et a affirmé sa volonté de ne pas laisser le scandale des écoutes l’entâcher « tant que je suis Première ministre, je ne laisserai (personne) jouer avec des enregistrements durant la campagne ». Un objectif qui s’est déjà soldé par le départ de membres influents de son cabinet et du numéro deux de l’Etat polonais.

Il reste à voir si la stratégie d’Ewa Kopacz pourra sauver l’image de la Plateforme civique dans le cadre de la campagne pour les législatives. Les temps sont durs pour la droite libérale polonaise, cette crise pourrait bien se solder par un echec cuisant en octobre prochain.

Références des images : euractiv.com / pressmix.eu