Présidentielle en Egypte sans enjeu autre que la participation Présidentielle en Egypte sans enjeu autre que la participation Présidentielle en Egypte sans enjeu autre que la participation
Actualités

Présidentielle en Egypte sans enjeu autre que la participation

Publié le 26 mars 2018,
par Reuters.
Partager
()

LE CAIRE (Reuters) – Les Egyptiens ont commencé à voter lundi pour une élection présidentielle qui devrait voir la réélection dans un fauteuil du sortant, Abdel Fattah al Sissi, pour un second mandat de quatre ans.

TAGS: Updated

Le taux de participation est l’enjeu essentiel du scrutin, les principaux candidats de l’opposition s’étant retirés en janvier en parlant de manoeuvres d’intimidation. Le grand rival de Sissi, Sami Hafez Anan, ancien chef d’état-major des armées, a été arrêté et emprisonné.

Le scrutin est étalé su trois jours. Le président Sissi a appelé les Egyptiens à se rendre aux urnes, laissant entendre qu’il considère l’élection comme un référendum sur son premier mandat de quatre ans.

Il se présente comme le garant de la stabilité et de la sécurité qui permettront de relancer une économie en difficulté. Vendredi, il est allé à la rencontre de militaires sur une base aérienne du Sinaï. Il a assuré que les islamistes du mouvement Péninsule du Sinaï seraient prochainement écrasés.

Agé de 63 ans, celui qui dirige le pays depuis le renversement du premier président démocratiquement élu, Mohamed Morsi, en 2013, n’aura face à lui qu’un seul candidat, en la personne de Moussa Mostafa Moussa.

Nombreux sont ceux qui voient en ce candidat un simple homme de paille: le parti que dirige Moussa, Ghad (Demain), avait de fait appelé de ses voeux un nouveau mandat de Sissi avant que Moussa ne présente sa candidature in extremis.

Moussa Mostafa Moussa rejette l’idée qu’il n’est là que pour faire de la figuration et donner l’impression d’une élection démocratique. Il assure que le scrutin sera équitable et transparent.

Lundi matin, plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue pour voter au Caire et dans les environs. L’affluence n’était pas très grande, selon les journalistes de Reuters présents sur les lieux.

 

TRAÎTRE

« Nous sommes là pour soutenir le président Sissi. Toute personne ne participant pas vote est un traître », déclare Saad Chahata, un fonctionnaire de 76 ans, rencontré dans un bureau de vote du gouvernorat de Monofiya au nord du Caire.

Laissant entendre qu’il pourrait considérer le scrutin présidentiel comme un référendum sur son action, Abdel Fatah al Sissi a déclaré ce mois-ci : « Si (tous les Egyptiens) votent et qu’un tiers dit ‘non’, ce sera beaucoup mieux que si la moitié participent et que tous disent ‘oui’. »

Le journal Al Ahram, qui appartient à l’Etat, a reconnu dans un éditorial que le choix était limité pour les électeurs mais il a laissé entendre dans le même temps que le fait d’organiser ce rendez-vous électoral était le signe que l’Egypte retrouvait sa puissance face aux menaces intérieures et extérieures.

« L’enjeu des présidentielles, cette fois-ci, ce n’est pas une concurrence acharnée ou une véritable bataille (électorale), c’est d’adresser au monde le message que l’Egypte est en train de se redresser », écrivait Al Ahram.

Avant même que la campagne officielle ne s’ouvre, les Nations unies, les ONG de défense des droits de l’homme et des personnalités de l’opposition ont estimé que le processus électoral était compromis par les arrestations, les manoeuvres d’intimidation visant les opposants et par un processus de désignation favorisant le président sortant.

Aucun des deux candidats en lice n’a véritablement fait campagne, appelant plutôt les électeurs à se mobiliser pour le scrutin. En 2014, Sissi avait remporté près de 97% des voix, mais moins de 50% des inscrits avaient participé, alors même que les opérations de vote s’étaient échelonnées sur trois jours.

L’armée a annoncé dimanche avoir déployé des moyens à travers le pays pour garantir un « climat de sécurité » lors du vote. Policiers et militaires ont pris position dans les bureaux de vote et mis en place des postes de contrôle à proximité pour maintenir la sécurité.

 

(Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)