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Biographie

Rodolphe Pedro : des banlieues à la finance

Publié le 12 janvier 2021,
par VisionsMag.
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Drôle d’histoire que celle de Rodolphe Pedro, un échec scolaire devenu fondateur d’une université et grand nom de la finance francophone.

Pas fait pour l’école

Né à Aigle en Suisse, Rodolphe Pedro est l’aîné de deux garçons. Très jeune, il arrive en France. En effet, son père étant en conflit avec son employeur, la famille débarque en banlieue parisienne. Le futur millionnaire a du mal à s’intégrer à l’école française. Son accent vaudois lui vaut beaucoup de railleries et même quelques coups. Et Rodolphe n’est pas du genre à baisser les bras sans combattre.

Les bagarres augmentent, et les notes sont en chute libre. Les parents s’inquiètent et déménagent à nouveau, cette fois en banlieue de Lyon. Hélas, rien n’empêche l’échec scolaire redouté. À 16 ans, Rodolphe est définitivement banni de l’école de la République, et ainsi commence l’aventure dans le monde des affaires.

Pas de diplôme, pas de problèmes

Le jeune homme commence à enchaîner les petits boulots. Dès l’obtention de son permis, il achète des voitures d’occasion en France qu’il va revendre en Afrique à prix d’or. Ensuite, il investit ses gains dans la production d’étuis à lunette en Pologne. À seulement 21 ans, il achète une usine en difficulté à Clermont-Ferrand, devenant ainsi l’un des plus jeunes chefs d’entreprise de France! Peut-être un peu trop, puisqu’il ne parviendra pas à éviter la faillite.

Loin d’abandonner, Rodolphe Pedro monte une entreprise de spectacles à Lyon. Un franc mais court succès puisque la justice, convaincue qu’il s’agit d’un repaire pour le proxénétisme, le condamne à dix mois de prison. Encore aujourd’hui, Rodolphe Pedro nie ces accusations. À l’ombre, il a néanmoins eu le temps de travailler de nouveaux projets, et il se lance dans la gestion de patrimoine en indépendant. Ainsi naît la Compagnie française de conseil et d’investissements (CFCI), et l’ancien détenu devient millionnaire. Sa société gère des milliards issus de particuliers comme de grandes entreprises mais surtout, se compose à 90 % de personnes sans aucun diplôme.

En octobre 2009, il retourne vers la banlieue de Lyon, et y ouvre la «première université de la finance», UniFi. À nouveau, Rodolphe Pedro mise sur les décrocheurs scolaires, les anciens détenus. Ceux qui sont appelés les exclus du système. 

Les candidats sont recrutés uniquement sur la base de leur lettre de motivation puis d’un entretien. Mieux encore, la formation est totalement gratuite, l’école étant entièrement financée par l’homme d’affaires. C’est à cette période que le milieu de la finance commence à le surnommer «le financier des banlieues» ou encore «l’abbé Pierre de la finance». Des sobriquets situés quelque part entre le compliment et la condescendance.

Chouchou des médias 

Trente ans après les brimades d’écoles, il semblerait que son milieu ait encore du mal à l’accepter. Rodolphe Pedro vit plusieurs déboires avec la justice qu’il estime être des manipulations visant à l’abattre médiatiquement. Outre son passage en prison dans les années 90, il a été mis en cause dans une affaire de séquestration, avant de bénéficier d’un non-lieu. 

Puis en 2014, alors qu’il devait présenter un nouveau projet Unifi, cette fois à Saint-Denis, il est condamné à six mois de prison avec sursis pour une sombre histoire d’extorsion de fonds. Deux mois plus tard, il était relaxé par la cour d’appel de Dijon. Manipulations ou non, Rodolphe Pedro ne fait pas l’unanimité.

Plus récemment, il a encore défrayé la chronique suite à une étrange histoire liée au coronavirus. Au mois de juillet, alors en vacances au Maroc avec son épouse et leurs deux filles, il s’est retrouvé bloqué sur son yacht, au large de Rabat, en compagnie du capitaine de bord et d’un mécanicien. 

Un dernier rebondissement dans une histoire peu banale

Parti de Tétouan le 6 juillet, le yacht subit une panne après deux jours de navigation. Remorqués par les espagnols jusqu’à leur enclave de Ceuta, tout ce beau monde est ravitaillé sans être autorisé à descendre du bateau pour des raisons sanitaires. Ils se voient également remettre une attestation assurant que tout le monde est bien resté à bord, et repartent vers Rabat. 

Cependant, une fois arrivés, les autorités marocaines leur interdisent de débarquer, sous prétexte d’être en provenance de l’Espagne, avec qui les frontières sont fermées suite à la pandémie. La situation empire encore quand un navire de guerre leur ordonne de faire demi-tour, alors que le yacht est à court de carburant.

Après avoir été bloqués pendant une nuit en plein no man’s land, les autorités marocaines acceptent finalement de laisser les six personnes accoster au port de Larache. Ils ont ensuite passé un test de dépistage de la covid à l’hôpital Moulay Abdellah de Salé avant d’être placés en quarantaine pendant deux jours. Une fois déclarés négatifs, ils ont enfin été autorisés à rentrer chez eux. Un ultime rebondissement dans l’histoire peu banale de Rodolphe Pedro !


Photos : amazon.com / Lyoncapitale.fr / Rodolphepedro.fr

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