Terry Gou est-il bon pour les Chinois ?

Terry Gou, de son vrai nom Terry Taiming, naît en 1950. Ses parents ont fuit la Chine continentale et le régime de Mao l’année précédente pour s’installer à Taïwan. En 1974, le jeune homme quitte son emploi d’ouvrier dans une usine de caoutchouc pour enfiler la casquette de patron. Il emprunte 7500$ à sa mère et fonde l’entreprise Hon Hai. Dans un hangar loué à Tucheng et entouré de 10 salariés de la banlieue de Taipei, le jeune entrepreneur construit en sous-traitance des pièces en plastique de téléviseurs.

Son entreprise est modeste et il devra attendre 6 ans pour rencontrer son premier gros client. En 1980, Terry Gou participe à la construction de l’Atari 2600, l’une des premières consoles de jeux. Il est en charge des pièces connectant la manette.

l’un des protagonistes du ‘‘miracle taïwanais’’

Au début des années 1980, suite à ce coup de pouce, Terry Gou continue dans sa lancée. L’homme fait ses valises et part seul à la conquête des Etats-Unis. Un voyage d’affaire de 11 mois dans 32 Etats américains. Souvent à l’improviste, l’homme démarche les géants de l’informatique et signe de nombreuses commandes. Son entreprise se développe rapidement et il élargit progressivement son offre : cartes mères, cartes graphiques, graveurs DVD, téléphones mobiles, …Il sera plus tard considéré comme l’un des protagonistes du ‘‘miracle Taïwanais’’, nom donné au développement rapide de l’île durant la seconde moitié du XXème siècle.

L’aventure Chinoise

Durant les années 80, la société croule sous les commandes et Terry Gou est victime de sa réussite : l’île se développe et le prix de la main d’œuvre augmente. Son regard fixe alors la Chine continentale. L’homme déménagerait bien ses affaires. « Production moins couteuse, et plus efficace » dit-on. Par ailleurs, le moment serait idéal puisque Deng Xiaoping s’ouvre au monde et inaugure Shenzhen, une zone destinée à accueillir les firmes étrangères, à quelques kilomètres de Hong Kong. En 1988, Terry Gou y installe une filiale nommée Foxconn. Les ventes augmentent de 30% chaque année et en seulement 3 ans, la société entre à la bourse à Taipei.

L’homme a massivement besoin de main d’œuvre et il souhaite attirer les ouvriers des terres du centre. Les salaires proposés sont misérables et Shenzhen est peu attractif puisqu’il n’y a rien. Terry réinvestit alors les bénéfices de la mise en bourse de la société dans ce qui sera le projet de sa vie : Foxconn City.

Sur un terrain vague cédé par la mairie, l’homme construit des dortoirs et des hôpitaux pour ses employés, des cafétérias et des élevages de poulets pour les alimenter. ‘‘ Une copie conforme, ou presque, de nos cités Wendel ou Michelin, 150 ans après, en mandarin et sans le clocher de l’Eglise’’ décrit Erik Izraelewicz dans son livre ‘‘L’arrogance Chinoise’’.

Le complexe est immense. Aujourd’hui, il compterait plus de 300 000 travailleurs. On construit entre autres des IPods : 90 à la minute. En Chine, la Foxconn représente 1,2 millions d’emplois, faisant de Terry Gou le premier employeur du pays.

2010 : L’homme dans la tourmente

Durant les années 90, Terry Gou avance donc à grandes foulées sur le chemin de la réussite planétaire. En 1996, il commence à fabriquer des châssis d’ordinateurs pour HP, IBM et surtout Apple, dont il construit la majorité des produits.

Les années 2000 sont plus sombres. Terry Gou connaît plusieurs drames personnels. En 2005, sa femme décède brutalement, puis son fils un an plus tard. En 2010, l’homme apparaît fatigué et il envisage de prendre sa retraite. Il souhaite reconstruire sa vie et s’est remarié avec une professeur de tango argentin. Mais l’homme est rattrapé par des scandales sur les conditions de travail à Foxconn City.
Suite aux suicides de nombreux employés, des journalistes, mais aussi des marques clientes, enquêtent. Les journaux parlent d’esclavagisme contemporain : salaires misérables, normes de sécurité non respectées, pression sur les employés, non respect des droits de l’Homme, …

Finalement, Terry Gou réinstaure la paix. Il augmente les salaires de 60% et embauche près de 2 000 psychiatres du travail. Mais en 2013, des émeutes éclatent dans les usines et il reste à redire sur les conditions de travail. Malgré un nouveau discours plus social, Terry Gou serait-il définitivement corrompu ?

Sources photos : www.iphonote.com / www.images.forbes.com / www.scdigest.com/

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