Tout sur la liberté d’expression avec le kit de l’Unesco

Syrie 28, Iraq 10, Egypte 6, Pakistan 5, Somalie 4… ce ne sont pas là les résultats d’une compétition d’un genre nouveau. Il s’agit d’un palmarès beaucoup plus dramatique : celui des journalistes tués en 2013 dans l’exercice de leur travail. Et la liste est loin d’être complète. Plus que de long discours, les chiffres disent la nécessité de défendre la liberté d’expression. Son actualité est malheureusement toujours brulante. C’est dans cette optique que l’Unesco a publié en 2013, un kit pratique sur la liberté d’expression destiné aux jeunes du monde entier.

De Voltaire à Gandhi

Rédigé dans un style accessible à tous, le kit aborde la question de la liberté d’expression en focalisant sur quatre thèmes clés : le droit d’exprimer ses opinions sans interférence, le droit de rechercher de l’information, le droit de recevoir l’information et le droit de communiquer de l’information á d’autres.

Le guide rappelle aussi l’historique de ce concept, de l’antiquité à nos jours. Maintes personnalités s’étant sont illustrées à travers les époques pour la défense du droit de chacun à s’exprimer, sont alors invoquées. On retrouve ainsi des citations de Voltaire, de Gandhi ou encore d’Amartya Sen, lauréat du prix Nobel d’économie en 1998 : « aucune famine importante n’a jamais dévasté un pays doté d’une presse relativement libre ».

Liberté d’expression et religion

Après avoir envisagé les principaux concepts de la liberté d’expression, ainsi que les cas particuliers de la presse et de l’internet, le kit propose différentes études de cas. Les jeunes étudiants sont invités à réfléchir sur les problèmes concrets que pose le droit à s’exprimer. Que faire à la place d’un responsable d’un puissant moteur de recherche à qui on impose de censurer certains mots et certains sites web ? Voilà une des situations proposées aux jeunes lecteurs. Ainsi est posée la question de la conscience individuelle.

On demande encore aux étudiants de prendre l’habit d’un rédacteur en chef devant rendre compte d’une manifestation artistique où l’on trouve des caricatures liées à la religion. La question de la liberté d’opinion et du respect des croyances est en effet très prégnante. Dernier exemple, celui d’un modérateur de jeux en ligne devant faire face à des avatars racistes. Il s’agit d’envisager les limites que pose la liberté d’expression.

Le kit envisage toutes les questions liées au sujet. En ce sens, il intéresse aussi bien les jeunes des pays où ce droit est menacé, que des jeunes des pays où il est respecté. L’Unesco compte sur les professeurs et les éducateurs pour faire découvrir le guide. On peut actuellement le télécharger directement depuis le site de l’organisation. Il existe en anglais, français et espagnol.

Rappelons que l’Unesco est l’organisme international, officiellement chargée par l’ONU des questions relatives à la liberté d’expression. C’est dans ce sens que l’organisation célèbre depuis une vingtaine d’année, le 3 mai, la journée mondiale de la liberté de la presse. A cette occasion, est remis le prix Guillermo Cano. Le prix Cano distingue un journaliste, une institution ou une organisation dont le travail a contribué à la défense de la liberté d’expression dans le monde. En 2013, le prix Cano a été décerné à la journaliste éthiopienne Reeyot Alemu. Accusée de terrorisme suite à ses articles sur la condition des pauvres dans son pays, elle purge actuellement une peine dans la prison de Kality à Addis-Abeba.

Nelson Mandela fixait à sa manière tous les enjeux de la liberté d’expression en déclarant que l’on n’était pas plus libre lorsque l’on privait une personne de sa liberté que lorsque l’on s’en voyait privé. Le kit de l’Unesco est bâti pour que cette conviction de l’ancien militant anti-apartheid gagne chaque jour du terrain.

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