par Steve Holland et Christine Kim
WASHINGTON/SEOUL (Reuters) – Au lendemain de la reprise des discussions entre les deux Corées après deux ans d’interruption, le président américain Donald Trump a déclaré mercredi à son homologue sud-coréen Moon Jae-in qu’il était « ouvert » à des discussions avec le régime de Pyongyang.
Trump l’a également informé qu’il n’y aurait aucune initiative militaire de la part des Etats-Unis tant que ces discussions se poursuivraient, ajoute la présidence sud-coréenne dans son compte rendu de la discussion téléphonique qu’ont eue les deux dirigeants.
A la Maison blanche, le président américain a confirmé avant une réunion de son cabinet qu’il se félicitait de la possibilité d’un dialogue avec la Corée du Nord, tout en disant ignorer quel résultat il pourrait produire.
« Qui sait où cela conduira ? », a-t-il dit à la presse. « Avec un peu de chance, cela aboutira à un succès pour le monde, et pas seulement pour un seul pays (…) Nous verrons dans les prochaines semaines ou les prochains mois ce qui se passe. »
La présidence américaine a précisé que Trump avait indiqué Moon que cet éventuel dialogue avec le Nord dépendrait des circonstances.
Trump a parallèlement annoncé que la délégation américaine aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, qui s’ouvre le 9 février en Corée du Sud, serait conduite par son vice-président, Mike Pence.
Le Comité international olympique (CIO) doit se réunir le 20 janvier à Lausanne pour examiner la proposition de Pyongyang de participer à ces JO. Il s’agira notamment de prendre des décisions sur le nombre et l’identité des membres de la délégation nord-coréenne, a précisé le CIO.
« TRUMP MÉRITE D’ÊTRE FÉLICITÉ »
Avant son entretien téléphonique avec Trump, Moon Jae-in avait estimé que le président américain méritait des félicitations pour avoir contribué à déclencher la reprise des premières discussions bilatérales entre les deux Corées.
La Corée du Nord et la Corée du Sud ont repris mardi leur dialogue officiel interrompu depuis décembre 2015 et se sont mises d’accord sur des discussions dans le domaine de la défense, après des mois de tensions sur les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang.
A la suite du sixième essai nucléaire mené en septembre par la Corée du Nord, le niveau des sanctions frappant le pays a encore augmenté, la communauté internationale ayant notamment drastiquement limité l’accès du pays aux importations de produits pétroliers raffinés.
Moon Jae-in a déclaré que la dénucléarisation de la péninsule coréenne était un objectif qui ne pouvait être abandonné, ajoutant qu’il ne souhaitait pas une réunification immédiate des deux Corées.
« La dénucléarisation de la péninsule coréenne sur laquelle les deux Corées s’étaient mises d’accord (par le passé) est notre position de base qui ne sera jamais abandonnée », a-t-il dit lors d’une allocution pour le Nouvel An.
« Je crois que le président Trump mérite d’être félicité pour avoir oeuvré à la tenue de discussions intercoréennes, je veux lui exprimer ma gratitude. »
Pour l’universitaire Lee Woo-young, professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul, faire l’éloge de Trump est une initiative avisée de la part de Moon.
« En faisant cela, explique-t-il, il peut contribuer à ce que les Etats-Unis élaborent une logique passant à des négociations et renversant la situation, de sorte que lorsqu’ils seront prêts à discuter avec le Nord, ils pourront dire que le Nord est sorti de son isolement parce que les sanctions étaient efficaces. »
Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un n’ont cessé d’échanger menaces et insultes au cours de l’année écoulée, ce qui a fait craindre le déclenchement d’une nouvelle guerre en Corée.
Les Etats-Unis et la Corée du Sud sont toujours techniquement en guerre contre la Corée du Nord. Le conflit qui a fait rage de 1950 à 1953 dans la péninsule s’est achevé sur un cessez-le-feu et non un traité de paix.
(avec Soyoung Kim à Séoul; Benoît Van Overstraeten, Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)