Trump plaide l'unité pour sortir de la polémique Khan
par Doina Chiacu
WASHINGTON (Reuters) – Toujours empêtré dans l’affaire Khizr Khan, père d’un soldat musulman tué en Irak en 2004, Donald Trump a enfourché mercredi le thème de l’unité alors que les critiques se multiplient dans le camp républicain pour dénoncer le nouveau dérapage du candidat à la Maison blanche.
« Il y a une grande unité dans ma campagne, peut-être encore plus grande qu’auparavant. Je veux tous vous remercier pour votre formidable soutien », écrit le milliardaire sur son compte Twitter mercredi.
Il en profite au passage pour égratigner sa rivale Hillary Clinton en ajoutant: « battons la malhonnête H! », la lettre majuscule désignant la candidate démocrate.
A l’évidence, Trump tente de reprendre l’initiative et de tourner la page sur l’une des polémiques les plus dommageables dans laquelle il s’est engagé depuis le début de sa campagne électorale il y a un an.
Le magnat de l’immobilier s’enlise depuis jeudi dernier dans une controverse avec la famille Khan, un couple d’origine pakistanaise, dont le fils a été tué par l’explosion d’une bombe alors qu’il servait dans l’US Army en Irak en 2004.
Son équipe de campagne a en vain tenté de convaincre Donald Trump d’en finir avec la polémique. Le président de la Commission nationale républicaine, Reince Priebus, est furieux des propos tenus par l’homme d’affaires ainsi que de son refus de soutenir les candidatures de Paul Ryan, président de la Chambre des représentants et du sénateur John McCain.
La chaîne ajoute que les caciques du Grand Old Party (GOP) examinent les moyens de remplacer Trump sur le ticket républicain pour la présidentielle du 8 novembre. L’information n’a pas été confirmée.
Mardi soir, Meg Whitman, directrice générale de Hewlett Packard et important soutien financier du GOP, a appelé à voter pour Hillary Clinton, qualifiant Donald Trump de « personnalité autoritaire » et de menace pour la démocratie.
CRITIQUES DÉPLACÉES
Dans un entretien au New York Times, Meg Whitman explique qu’il est temps « de placer le pays avant le parti ».
Plusieurs dirigeants républicains, Paul Ryan et l’ancien candidat à la présidentielle, John McCain, ont fustigé les propos de Donald Trump à l’adresse de la famille Khan.
Dans une intervention à la tribune de la convention nationale démocrate jeudi dernier, Khizr Khan avait apostrophé Donald Trump pour ses propos sur les musulmans et lui avait reproché de ne « rien avoir sacrifié pour son pays ».
Les Khan sont une famille « Gold Star », expression qualifiant ceux qui ont perdu un enfant dans un conflit armé. Humayun Khan, ancien capitaine de l’armée américaine, est considéré comme un héros de guerre après son décès lors de la campagne d’Irak en 2004.
Cette question de l’engagement militaire est un sujet particulièrement sensible aux Etats-Unis où une grande partie de l’électorat est animée par la fibre patriotique.
Même le gouverneur du New Jersey Chris Christie, allié de longue date de Trump et dont le nom avait circulé pour être candidat à la vice-présidence, a estimé que les attaques contre la famille Khan étaient déplacées.
L’équipe de campagne du magnat est venue mercredi affirmer que ce dernier contrôlait totalement sa course à la Maison blanche et qu’il gardait le cap qui convenait.
« La campagne se porte très bien. Nous sommes organisés. Nous allons de l’avant », a déclaré Paul Manafort, directeur de campagne de Trump, sur la chaîne Fox News.
Cette polémique a fait perdre à Donald Trump tout le bénéfice de son investiture lors de la convention nationale républicaine. En général, cette désignation s’accompagne d’une poussée dans les intentions de vote. L’effet semble avoir, cette fois, fait long feu.
Barack Obama, qui prend régulièrement un malin plaisir à moquer celui qui brigue sa place, a jugé mardi que Trump n’était pas digne de devenir président des Etats-Unis. L’hôte le Maison blanche a même interpellé la hiérarchie républicaine avec cette question : « pourquoi continuez-vous à le soutenir ? »
(Pierre Sérisier pour le service français)