BRUXELLES (Reuters) – L’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk, reconduit à la présidence du Conseil européen en dépit de l’opposition de son pays, ne pourra pas répondre à la convocation ce mercredi de la justice polonaise en raison d’un conflit d’agenda, a déclaré lundi son porte-parole.
Le procureur de Varsovie Michal Dziekanski avait annoncé dans la matinée qu’il souhaitait l’entendre en qualité de témoin dans le cadre d’une enquête contre d’anciens responsables du contre-espionnage militaire.
Mais à Bruxelles, un porte-parole de Tusk a déclaré que le président du Conseil européen était tenu ce jour-là par ses engagements au Parlement européen.
« Le président Tusk a été convoqué en tant que témoin et déposera en tant que témoin. Néanmoins, en raison de son obligation à informer le Parlement européen après chaque conseil européen, il sera mercredi 15 mars à Strasbourg pour la séance plénière du Parlement européen », a-t-il expliqué.
L’enquête du parquet polonais vise d’ex-dirigeants du SKW, le renseignement militaire, accusés d’avoir coopéré avec les services de renseignement d’un pays tiers sans l’autorisation requise du Premier ministre.
Les faits concernés remontent à 2010; à l’époque, Tusk dirigeait le gouvernement polonais.
Selon les médias polonais, l’enquête porte sur la coopération avec les services secrets russes sur le retour de soldats polonais déployés en Afghanistan mais aussi sur des échanges d’information avec ces mêmes services russes après la catastrophe aérienne fatale au président polonais Lech Kaczynski en 2010 en Russie.
Le frère jumeau de Lech Kaczynski, Jaroslaw, qui dirige le parti conservateur Droit et Justice (PiS), au pouvoir à Varsovie, tient Tusk pour moralement responsable de la catastrophe.
Revenant sur la décision des Européens, qui ont reconduit jeudi dernier Tusk au poste de président du Conseil européen, passant outre les objections de Varsovie, Kaczynski a dénoncé lundi un « jeudi noir » dans l’histoire de l’UE.
Le chef de file du PiS, qui n’assume pas de fonction officielle au sein de l’appareil d’Etat polonais mais exerce une forte influence sur le gouvernement, a ajouté que l’objectif d’une Europe à deux vitesses, affiché notamment par l’Allemagne et la France, conduirait à la désintégration de l’Union européenne.
Interrogé samedi par le journal tabloïd Super Express, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, avait prévenu que son pays répliquerait à ce vote « en bloquant d’autres initiatives, en jouant un jeu très dur » au sein de l’Union européenne.
« Il faut que cela soit dit publiquement: la politique de l’UE est devenue une politique du deux poids, deux mesures, une politique de la tromperie », a-t-il ajouté.
(Jan Strupczewski avec Marcin Goettig à Varsovie; Henri-Pierre André pour le service français)