Une nouvelle Miss Marvel musulmane

Des formes graciles, des cheveux bruns et épais tombants sur les épaules, Converses aux pieds, c’est la silhouette de la nouvelle Miss Marvel. Loin des bombes pulpeuses en body et cuissardes, Kamala ne tranche pas seulement avec son physique. Musulmane d’origine pakistanaise, c’est la première fois qu’un tel personnage accède à un titre aussi mythique dans l’univers Marvel.

Habitant à Jersey City dans le New Jersey, Kamala ne se sent déjà pas comme les autres filles quand elle découvre ses pouvoirs. Alors qu’elle évolue entre une mère apeurée à l’idée que sa fille tombe enceinte, un père très carriériste et un frère conservateur, Kamala peine déjà à se construire une identité propre. Comme beaucoup d’autres jeunes filles, elle essaie de se faire une place dans la société américaine sans renier ses origines.

Se révélant capable de changer de forme à volonté, elle est désormais obligée de jongler entre une famille conservatrice, ses croyances, son âge mais aussi ses capacités incroyables.

Du neuf pour les lecteurs

Bien sûr, l’idée de ce personnage n’est pas sans risque. Créée par G. Willow Wilson (scénariste), Adrian Alphona (dessinateur) et Sada Amanat (éditrice chez Marvel), l’histoire de Kamala Khan n’a pas encore assuré son succès. G. Willow Wilson avoue même qu’il faut d’abord « convaincre les lecteurs que ce qui est nouveau et différent peut être nouveau et bon ».

Autre défi : accéder à un nouveau lectorat. Mettre en scène un personnage jeune, inconnu, réaliste qui, de surcroît, appartient à une communauté minoritaire permettrait à de jeunes lectrices de s’identifier à Kamala. C’est sans doute pour cela que cette dernière ne porte pas de voile. Si pour les créateurs, ce choix reflète surtout une tendance actuelle chez les jeunes musulmanes américaines, l’absence de voile laisse la possibilité à toutes les autres filles issues d’autres communautés de se mettre dans la peau de la nouvelle héroïne.

Refléter l’évolution de la société

« Pakistanaise », « musulmane », ce sont les premiers mots que le public a retenu lorsque Marvel a dévoilé sa prochaine superhéroïne en novembre 2013. Devant les réactions plutôt négatives, les créateurs de Kamala ont bien expliqué qu’ils ne souhaitaient pas en faire une porte parole d’une certaine communauté. Ils ont surtout cherché à refléter le changement dans la société de l’Amérique actuelle et non à créer une révolution dans les Comics. G.Willow Wilson a d’ailleurs commenté : « 2011 a été la première année où la majorité des naissances aux Etats-Unis n’a pas été blanche. Tout le visage des Etats-Unis est en train de changer. (…) Il y a beaucoup plus de gens qui aujourd’hui sont issus de familles métisses et multi-culturelles ». Pour lui, « l’heure de ce personnage est venu » car le principe des Comics, piliers de la culture américaine, a toujours été d’évoluer en même temps que sa patrie.

Et si le premier acte est davantage consacré à la découverte du personnage, de sa famille et de ses pouvoirs, les créateurs n’ont pas hésité à piquer notre curiosité sur la suite. G.Willow Wilson n’exclut pas de faire interagir l’ex Miss Marvel – alias Carol Danvers, véritable modèle pour Kamala – devenue Captain Marvel. Sana Amanat a même ajouté : « Kamala a sa place dans des intrigues plus importantes de l’Univers Marvel. On en arrivera jusque là mais on veut d’abord connaître Kamala. »

Quand on sait qu’être adolescente est déjà un challenge en soi, le contexte familial et culturel fort de Kamala, ajoutés à ses pouvoirs promettent une histoire pleine d’humour et de rebondissements. Le scénariste résume d’ailleurs à ses mots « nous avons mis une bonne dose d’énergie, de rires et d’émotions dans ce projet. » A suivre donc…

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