USA et GB interdisent portables et tablettes sur certains vols
WASHINGTON/LONDRES (Reuters) – Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne vont imposer de nouvelles restrictions sur le type d’appareils électroniques que peuvent prendre en cabine des passagers au départ d’aéroports situés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en réaction à des menaces terroristes non spécifiées.
Le département américain de la Sécurité intérieure exigera des voyageurs arrivant aux Etats-Unis en provenance d’aéroports en Arabie saoudite, en Egypte, aux Emirats Arabes Unis, en Jordanie, au Koweït, au Maroc, au Qatar et en Turquie de mettre dans les bagages en soute des appareils électroniques plus gros que des téléphones portables, comme des tablettes, des lecteurs DVD portatifs, des ordinateurs portables et des caméras
Un porte-parole de la Première ministre britannique, Theresa May, a annoncé par la suite que la Grande-Bretagne allait instaurer des restrictions similaires à partir de six pays (Arabie saoudite, Egypte, Jordanie, Liban, Tunisie et Turquie).
« Les vols directs vers le Royaume-Uni à partir de ces pays continueront d’être exploités sous réserve du respect de ces nouvelles mesures », a-t-il déclaré. Ces mesures entreront en vigueur le 25 mars, soit samedi prochain.
Les passagers concernés seront privés de l’usage des téléphones, ordinateurs portables et tablettes de plus de 16 cm de longueur, 9,3 cm de largeur et 1,5 cm d’épaisseur.
Contactée par Reuters, la Direction générale de l’aviation civile en France a déclaré qu’une « analyse du risque » était actuellement en cours et a évoqué des discussions interministérielles sur le sujet.
PAS LIÉ À UN GEL DE L’IMMIGRATION
Les aéroports concernés par la mesure américaine sont ceux d’Abou Dhabi, d’Amman, du Caire, de Casablanca, de Djeddah, de Doha, de Dubaï, d’Istanbul, de Koweït City et de Ryad.
Les responsables de la sécurité ont précisé que cette disposition n’était pas liée à la volonté du président Donald Trump d’imposer un gel de l’immigration en provenance de six pays d’Afrique et du Proche-Orient à majorité musulmane. Une porte-parole du département de la Sécurité intérieure a précisé que le gouvernement ne visait pas de « pays en particulier ».
Le 6 mars, Donald Trump a signé une nouvelle version de son décret suspendant temporairement l’entrée sur le territoire des Etats-Unis des ressortissants de six pays d’Afrique et du Moyen-Orient au lieu de sept précédemment, l’Irak ne figurant plus sur la liste.
Un juge fédéral de Hawaï a mis un coup d’arrêt mercredi dernier à ce décret, à la veille de son entrée en vigueur. Le gouvernement américain a fait appel de cette décision et Donald Trump n’a pas exclu un recours à la Cour suprême pour obtenir gain de cause.
Neuf compagnies aériennes exploitent une cinquantaine de vols par jour vers les Etats-Unis au départ des aéroports concernés : Royal Jordanian Airlines, Egypt Air, Turkish Airlines, Saudi Arabian Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways.
EXTENSION À D’AUTRES AÉROPORTS PAS EXCLUE
Les transporteurs ont jusqu’à vendredi pour se conformer aux nouvelles dispositions, qui resteront en vigueur pour une durée indéterminée.
Aucune compagnie aérienne américaine n’est concernée parce qu’aucune n’a de vol direct vers les Etats-Unis au départ des aéroports concernés, ont dit des responsables de la sécurité.
La nouvelle réglementation s’imposera toutefois à tout citoyen américain empruntant un vol direct vers les Etats-Unis au départ de l’un des dix aéroports. En revanche, les membres d’équipage des compagnies affectées sont exemptés.
Les responsables de la sécurité n’ont pas dit pourquoi les restrictions s’appliquaient uniquement à des voyageurs arrivant aux Etats-Unis et pas pour les mêmes vols lorsqu’ils quittent le sol américain.
Les procédures « resteront en place jusqu’à ce que la menace change » et il n’est pas exclu de les étendre à d’autres aéroports en fonction des circonstances.
Dans un communiqué, le gouvernement se dit « préoccupé par l’intérêt constant porté par des terroristes à viser l’aviation commerciale, y compris des plate-formes de transport, au cours des deux dernières années ».
Le gouvernement redoute de voir des groupes terroristes tenter de placer une bombe sur un avion de ligne mais se refuse à donner plus de détails au sujet de la menace en question.
Des responsables ont précisé que des données recueillies à la suite d’un raid d’un commando américain en janvier au Yémen visant Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) comprenaient des techniques de fabrication d’une bombe.
(David Shepardson à Washington, Kylie MacLellan à Londres, avec les rédactions de Dubaï, Londres, Paris et Ottawa, Benoît Van Overstraeten et Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)