Au Vénézuela, la Cour suprême recule pour tenter de calmer le jeu Au Vénézuela, la Cour suprême recule pour tenter de calmer le jeu Au Vénézuela, la Cour suprême recule pour tenter de calmer le jeu
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Au Vénézuela, la Cour suprême recule pour tenter de calmer le jeu

Publié le 1 avril 2017,
par Reuters.
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CARACAS (Reuters) – La Cour suprême du Venezuela est revenue samedi sur sa décision controversée d’assumer les pouvoirs de l’Assemblée nationale, une initiative qui avait été critiquée à l’étranger que l’opposition avait qualifiée de « coup d’Etat ».

Prise mercredi soir, la décision de la Cour suprême de se substituer à l’Assemblée nationale, où l’opposition est majoritaire, a suscité un regain de tension dans un pays où les opposants au président socialiste Nicolas Maduro tentent depuis des mois d’obtenir la tenue d’un référendum révocatoire visant à écourter son mandat.

La Cour suprême a annulé ses deux décisions controversées dans la matinée, a indiqué le gouvernement. Son président Maikel Moreno devait s’adresser à la nation dans la journée.

« La controverse est close », avait déclaré le président Nicolas Maduro, peu après minuit devant le Conseil de défense du gouvernement qui avait été réuni pour « inviter » la Cour suprême à réexaminer sa décision.

La décision du président pourrait ne pas être suffisante pour apaiser la colère de la population.

« On ne peut prétendre simplement normaliser la nation après avoir réalisé un ‘coup d’Etat' », a déclaré Julio Borges, président de l’Assemblée nationale. Il a déchiré en public cette semaine les décisions controversées de la Cour suprême et a refusé d’assister au Conseil de défense où siègent les présidents des principales institutions du pays.

Ayant déjà annulé la plupart des mesures prises par le Congrès depuis sa prise de contrôle par l’opposition en 2015, la Cour suprême pro-Maduro a fait un pas de plus mercredi en décidant de reprendre les fonctions de l’Assemblée nationale parce que la loi n’avait pas été respectée.

Elle soutenait ne pas avoir eu d’autre choix au motif que le Parlement ne s’était pas séparé de trois députés de l’opposition accusés d’avoir acheté des voix lors des élections législatives de 2015.

 

EN PLEIN AIR

Cela a remobilisé une opposition divisée. Dénonçant un « coup d’Etat », les anti-Maduro sont descendus dans la rue vendredi et ont reçu dans la journée le soutien de la procureur en chef du Venezuela, Luisa Ortega, pourtant considérée comme une proche alliée du pouvoir.

En poste depuis dix ans, la magistrate est sortie de son devoir de réserve pour dénoncer la décision de la Cour suprême. « Cela constitue une rupture de l’ordre constitutionnel et j’ai l’obligation d’exprimer ma grave inquiétude pour notre pays », a-t-elle dit dans un discours prononcé à la télévision publique.

Les pressions internationales se sont également accrues. A la suite de l’Organisation des Etats américains (OEA) qui avait réagi jeudi, l’Argentine a annoncé que les ministres des Affaires étrangères des pays du Mercosur se réuniraient ce samedi pour discuter de la situation au Venezuela.

De Genève, le Haut Commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, le Jordanien Zeid Ra’ad al Hussein, a demandé à la Cour suprême de reconsidérer sa décision. D’autres condamnations sont aussi venues des Etats-Unis et de l’Union européenne.

La décision de la Cour suprême devrait apaiser les tensions dans l’immédiat, mais les opposants au président Maduro, au Venezuela et à l’étranger, n’ont toujours pas digéré que les autorités aient empêché la tenue d’un référendum révocatoire l’an dernier et reporté les élections locales prévues pour 2016.

L’opposition demande désormais que l’élection présidentielle de l’an prochain soit avancée et que les élections locales se tiennent effectivement.

Samedi, l’Assemblée nationale tenait une réunion en plein air à Caracas, à laquelle participaient plusieurs centaines de sympathisants de l’opposition.

Dès avant les événements de cette semaine, le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, s’est dit favorable à une suspension du Venezuela, mais il est peu probable qu’il réunisse les deux tiers des voix nécessaires. Une réunion spéciale de l’OEA est prévue lundi à Washington.

 

(par Girish Gupta et Andrew Cawthorne. Avec Diego Ore, Eyanir Chinea et Deisy Buitrago à Caracas, Anggy Polanco à San Cristobal; Bertrand Boucey, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)