Violences en marge de la présidentielle au Kenya Violences en marge de la présidentielle au Kenya Violences en marge de la présidentielle au Kenya
Actualités

Violences en marge de la présidentielle au Kenya

Publié le 26 octobre 2017,
par Reuters.
Partager
()

par Maggie Fick

TAGS: Updated

KISUMU, Kenya (Reuters) – Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l’organisation au Kenya d’un nouveau scrutin présidentiel que le chef de file de l’opposition, Raila Odinga, a appelé à boycotter.

A Kisumu, bastion de l’opposition dans l’ouest du pays, des jeunes manifestants ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre qui, appuyées par des canons à eau, ont riposté en tirant à balles réelles et en lançant des grenades lacrymogènes.

Un manifestant a été tué par balle et trois autres ont été blessés, a-t-on appris de source médicale. A travers la ville, les journalistes de Reuters n’ont vu aucun bureau de vote ouvert.

Mercredi, un responsable électoral de Kisumu, ville qui avait été au coeur de graves violences ethniques après l’élection contestée de 2007, avait qualifié son travail de « mission suicide ».

Selon l’agent John Ngutai, seuls trois des 400 membres du personnel électoral sous ses ordres se sont présentés pour travailler et aucune mesure de sécurité n’encadrait la livraison des urnes.

A Migori, toujours dans l’ouest du Kenya, plusieurs centaines de jeunes gens étaient rassemblés jeudi aux abords d’une grande rue jonchée de débris et de barricades en flammes, selon des images de la chaîne de télévision kényane NTV.

A Kibera et Mathare, deux bidonvilles de la capitale, Nairobi, la police a tiré des grenades lacrymogènes. Des protestataires ont allumé des incendies à Kibera tôt dans la matinée. A Mathara, une église a été attaquée au cocktail Molotov et un électeur a été pris à partie.

A Mombasa, sur la côte de l’océan Indien, des manifestants ont mis le feu à des pneus et à du bois sur la grande avenue.

VIOLENCES DANS PLUSIEURS VILLES

Ce nouveau scrutin fait suite à la présidentielle du 8 août dernier, remportée par le président sortant Uhuru Kenyatta mais annulée ensuite par la Cour suprême qui, dans un arrêt rendu le 1er septembre, estimait que l’élection avait été entachée d’irrégularités. La cour avait ordonné la tenue d’une nouvelle élection dans un délai de soixante jours.

Depuis le 8 août, une cinquantaine de personnes ont été tuées dans les violences politiques, en majorité par les forces de sécurité.

Raila Odinga, qui était candidat de l’opposition en août, a retiré sa candidature dans cette nouvelle présidentielle pour protester contre l’absence de changements au sein de la Commission électorale.

Le Kenya redoute une répétition des violences post-électorales de 2007, quand des affrontements entre partisans de Mwai Kibaki, président sortant proclamé vainqueur, et de Raila Odinga avaient fait 1.200 morts.

Le ministre de l’Intérieur, Fred Matiang’i, a déclaré que les bureaux de vote étaient ouverts dans plus de 90% du pays.

La Commission électorale a indiqué pour sa part que les opérations de vote étaient en cours dans la plus grande partie du pays mais que des « défis liés à la sécurité » entravaient le scrutin dans un certain nombre de districts, où l’élection a été repoussée à samedi.

Wafula Chebukati, le président de l’IEBC, a précisé que les districts de Homa Hay, Kisumu, Migori et Siaya, tous situés dans l’ouest du pays, bastion de l’opposition, étaient au nombre des districts concernés.

Après avoir voté, le président Kenyatta a appelé les électeurs à participer massivement au scrutin. « Nous sommes lassés des manoeuvres électoralistes et je pense que le moment est venu d’aller de l’avant », a-t-il dit.

Mais dans la capitale la participation semblait peu élevée, contrairement au scrutin du mois d’août.

Si l’élection ne peut se tenir dans certaines zones, cela pourrait conduire à une contestation de la validité du scrutin et annoncer de nouveaux troubles.

APPEL AU BOYCOTT

Mercredi, la Commission électorale a confirmé la tenue du scrutin, tirant les conclusions de l’incapacité de la Cour suprême, par manque de quorum, à prendre une décision sur un éventuel report.

Seule la plus haute instance judiciaire du pays avait le pouvoir de retarder l’élection, dont les préparatifs ont été fortement perturbés par des controverses et des violences.

Après l’annonce du maintien des opérations de vote, Raila Odinga a appelé ses partisans à rester chez eux.

« Nous recommandons aux Kényans épris de démocratie et de justice d’organiser des veillées de prières, à l’écart des bureaux de vote, ou tout simplement de rester chez eux », avait-il dit.

Le chef de la commission électorale a déclaré la semaine dernière ne pas pouvoir garantir un scrutin libre et équitable, en raison d’ingérences de la classe politique et de menaces contre ses collègues. Un membre de la commission a démissionné et s’est enfui à l’étranger.

Mais pour Uhuru Kenyatta, ce scrutin est légitime.

L’Union européenne s’est étonnée du manque de quorum au sein de la Cour suprême. Dans un communiqué diffusé par l’ambassade des Etats-Unis, les représentations étrangères à Nairobi ont appelé tous les Kényans à « un dialogue ouvert et transparent pour faire disparaître les profondes divisions que le processus électoral a exacerbées ».

(Avec Katharine Houreld, Duncan Miriri, David Lewis et John Ndiso à Nairobi, Joseph Akwiri à Mombasa; Eric Faye, Arthur Connan et Guy Kerivel pour le service français, édité par Henri-Pierre André)

Violences en marge de la présidentielle au Kenya
Des manifestants se sont heurtés à la police jeudi pour dénoncer l'organisation au Kenya d'un nouveau scrutin présidentiel que le chef de file de l'opposition, Raila Odinga, a appelé à boycotter.
Violences en marge de la présidentielle au Kenya
Violences en marge de la présidentielle au Kenya
Violences en marge de la présidentielle au Kenya