Warren, colistière potentielle de Clinton et arme anti-Trump
CINCINNATI, Ohio (Reuters) – A l’occasion de sa première apparition aux côtés d’Hillary Clinton, lundi dans l’Ohio, Elizabeth Warren, potentielle colistière de la candidate démocrate présumée, s’est montrée prompte à rendre coup pour coup à Donald Trump.
Lors d’un meeting à Cincinnati, la sénatrice du Massachusetts a défendu le bilan de Clinton, qui, dit-elle, a passé sa carrière à oeuvrer pour les valeurs du libéralisme politique quand le magnat de l’immobilier se concentrait lui sur ses intérêts financiers.
Chef de file de l’aile progressiste du Parti démocrate, Elizabeth Warren a montré lundi à des supporters enthousiastes réunis dans un des Etats à fort suspense présidentiel à quoi pourrait ressembler un ticket présidentiel exclusivement féminin.
« Quand Donald Trump dit qu’il va rendre sa grandeur à l’Amérique, il veut dire qu’il va la rendre encore plus grande pour les gens riches comme Donald Trump », a-t-elle dit, soutenue par les applaudissements d’Hillary Clinton.
Avec Warren, Clinton pourrait rallier une partie de l’électorat de Bernie Sanders, son ex-rival dans la course à l’investiture démocrate dont la campagne à tendance « démocrate socialiste » s’est attiré des électeurs de la gauche américaine peu enclins à voter pour elle.
Warren n’a pas mâché ses mots contre le candidat républicain présumé, le qualifiant de « petit faiseur de fric pas sûr de lui, qui ne se bat pour personne d’autre que lui-même ». « Il vous traînera dans la boue pour obtenir ce qu’il veut. Voilà qui il est », a-t-elle mis en garde.
Après ces invectives, qui ont déclenché les hourras de la foule, la sénatrice démocrate a fait une pause dans son discours pour se tourner vers Clinton et l’applaudir. « Elle sait ce qu’il faut pour battre un tyran de peu de poids poussé par la cupidité et la haine », a-t-elle dit, soulignant l’action de Clinton pour limiter le pouvoir de Wall Street.
Prenant le micro, Clinton s’est dite ravie de l’approche agressive de Warren à l’égard de Trump: « J’adore comme elle arrive à énerver Donald Trump », a-t-elle dit.
TRUMP PREND LA MOUCHE
Si Warren avait besoin d’un signe de reconnaissance de la part du camp adverse en tant que colistière potentielle, Trump n’a pas hésité à le lui fournir. Dans un communiqué, le candidat républicain l’a vivement critiquée, la qualifiant de « vendue » pour son soutien à Clinton, qui a selon lui accepté des donations émanant de Wall Street et a oeuvré en faveur du traité transatlantique (TIPP) – un sujet sur lequel Clinton a depuis changé de position.
Trump a en outre accusé la sénatrice de racisme, jugeant qu’elle avait menti sur ses origines indiennes pour faire avancer sa carrière. Elizabeth Warren a dit avoir des ancêtres Cherokee.
« C’est l’une des sénatrices les moins productives du Sénat américain », a-t-il dit à NBC. « Il y a une raison pour laquelle on l’appelle Pocahontas », a-t-il ajouté.
Les autres démocrates susceptibles d’accompagner Hillary Clinton sur son « ticket » pour la Maison Blanche se sont empressés de défendre Warren. « C’est ce qu’il fait, il attaque les gens. Il agit comme s’il attaquait leur personnalité, mais il s’en prend à sa propre personnalité quand il fait cela », a dit Sherrod Brown, sénateur de l’Ohio.
Autre colistier potentiel, le sénateur de Virginie Tim Kaine a dit pour sa part à Reuters: « Il ne faut rien croire de ce que dit Donald Trump. Un point c’est tout. »
L’OHIO ETAT PIVOT
Lundi, Hillary Clinton tenait avec Warren son premier meeting à Cincinnati, troisième plus grande ville de l’Ohio, montrant l’importance qu’elle accorde à cet Etat. Qualifié de « Swing State » ou « Etat pivot », l’Ohio fait en effet partie de ces Etats indécis susceptibles de faire pencher la victoire vers le camp républicain ou démocrate le 8 novembre prochain.
Depuis 1964, le candidat qui y est arrivé en tête a toujours remporté la Maison Blanche et aucun candidat républicain n’a jamais été élu président sans avoir décroché l’Ohio.
Choisir Warren comme colistière permettrait à Clinton de courtiser deux groupes d’électeurs distincts: les partisans de Sanders mais aussi tous ceux qui s’inquiètent pour l’économie américaine et que les promesses protectionnistes de Trump attirent.
Elizabeth Warren est en effet partisane de limiter le pouvoir des grands groupes, et Clinton a souligné que son long combat pour les valeurs économiques progressistes en faisait une messagère parfaite pour contrer le message de Donald Trump.
Le secteur industriel de l’Ohio a été affecté par les ralentissements économiques récents, et la rhétorique anti-libre échange de Trump pourrait rencontrer un fort écho parmi l’électorat ouvrier.
(par Amanda Becker. Julie Carriat pour le service français, édité par Henri-Pierre André)