Brexit : la mise en garde de Denis MacShane Brexit : la mise en garde de Denis MacShane Brexit : la mise en garde de Denis MacShane
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Brexit : la mise en garde de Denis MacShane

Publié le 24 juin 2015,
par VisionsMag.
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Le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l’Union européenne parait de plus en plus incertain. Au lendemain d’importantes élections remportées par David Cameron, le scénario d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ne semble plus appartenir à de la politique-fiction. Alors que le Premier ministre, fidèle à l’une de ses promesses de campagne, vient de confirmer la tenue d’un référendum en 2017, peu de politiciens d’outre-Manche osent prendre la défense d’une Europe accusée de tous les maux. A contre-courant de la pensée dominante, Denis MacShane, ancien député travailliste et ministre des Affaires européennes du gouvernement de Tony Blair, multiplie les interventions en faveur de l’Europe et vient de publier un ouvrage exposant ses arguments(1).

Médiatique, éloquent, prolixe, Denis MacShane maîtrise parfaitement les sujets en rapport avec l’UE. Le ministère exercé durant trois années, de 2002 à 2005, lui a permis de promouvoir sa vision d’une Europe pacifiée et unie, vision mise à mal par le contexte britannique actuel. Né à Glasgow en 1948 d’une mère irlandaise et d’un père polonais ayant fui le nazisme pour se réfugier en Angleterre, Denis MacShane s’intéresse très tôt aux rouages de la politique extérieure, et entame une carrière de journaliste avant de se tourner vers le militantisme politique. Grimpant les échelons du parti Travailliste, proche d’Israël et défenseur de l’intervention en Irak en 2003, promoteur de l’énergie atomique, député dès 1994, son parcours est stoppé net en 2013 par une affaire de fausses factures. Plaidant coupable, condamné à purger une peine de 6 mois de prison, démis de toute fonction, cet inlassable défenseur de l’Europe a retrouvé le chemin des médias, alors que le Royaume-Uni s’apprête à renégocier son appartenance à l’UE.

Le scénario du Brexit

Contraction de British et de exit, le terme désignant une sortie de l’UE est fréquemment évoqué lors de débats et d’articles récurrents outre-Manche. Selon Denis MacShane, un tel scénario serait une catastrophe, non seulement pour la Grande-Bretagne, mais aussi pour l’Europe. L’unité du Royaume serait mise à mal, Irlandais, Gallois et Écossais étant majoritairement favorables à l’UE. Quant à l’institution européenne, l’éventualité d’un retrait de sa deuxième puissance économique occupera la majorité des débats, occultant ainsi des sujets prioritaires tels que la situation grecque, le chômage, le financement des infrastructures et la crise ukrainienne.

Un effet domino pourrait même être envisagé, galvanisant les nombreux partis anti-européens tels que le Front national en France, ou le PVV aux Pays-Bas, pour ne citer qu’eux. Pourtant, le tableau ne devrait pas être noirci trop vite, un certain flou entourant le futur référendum. Un retrait pur et simple n’est souhaité ni par David Cameron, ni par la totalité des citoyens britanniques. Mais des forces très influentes pourraient en décider autrement.

Brexit : la mise en garde de Denis MacShane
Europhile dans une Angleterre de plus en plus hostile à l’UE, Denis MacShane tire la sonnette d’alarme sur les conséquences dramatiques qu’entrainerait un Brexit.

Convaincre les électeurs

Si, à en croire les sondages, la moitié de la population demeure attachée à l’UE, le zèle de certains opposants à l’Europe pourrait prendre une ampleur propre à faire basculer l’opinion. Les organes de presse les plus populaires se révèlent foncièrement eurosceptiques, et n’hésitent pas à entrer en campagne, comme l’a démontré le Sun de Rupert Murdoch. Autre levier de pression pour David Cameron, l’Ukip, parti nationaliste mené par le charismatique Nigel Farage, qui a réalisé un score très honorable lors des dernières élections(2). Le Premier ministre sera obligé de composer avec cette force politique qui est à l’origine de la demande d’un référendum. Enfin, les travaillistes, pourtant partisans de l’Europe, se montrent excessivement discrets et hésitent à monter au créneau pour la défense de l’institution.

Denis MacShane fait donc presque figure de cavalier seul sur l’échiquier politique britannique. Ce francophile amateur de littérature et auteur d’une biographie de François Mitterrand n’hésite pas à évoquer, en cas de Brexit, une demande de passeport français. Il lui reste encore deux années de combat à mener afin de convaincre ses concitoyens, combat qu’il mènera avec toute son énergie. Quoi qu’il en soit, 2017, qui aurait dû être marqué par les festivités célébrant les 60 ans du traité de Rome, devrait au contraire représenter une année noire pour une UE en pleine crise.

1 Brexit: How Britain will Leave Europe, I.B.Tauris
2 L’Ukip a réalisé un score de 12,6%, plaçant le parti en 3è position derrière les conservateurs (36,9%) et les travaillistes (30,5%).

Sources des photos: www.lemonde.fr / www.cityam.com