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Innovation

e-Nable : quand impression 3D rime avec solidarité

Publié le 18 août 2018,
par VisionsMag.
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Combien de grands projets sont-ils nés de manière tout à fait fortuite ? e-Nable fait en tout cas partie de ceux-là, puisque Ivan Owen, initiateur de cette formidable aventure, était loin de se douter de la portée d’un simple déguisement créé pour un rassemblement d’amateurs de science-fiction. Ce spécialiste des effets spéciaux, bricoleur enthousiaste et génial touche à tout, préside maintenant une communauté rassemblant plus de 5000 bénévoles et qui a permis de fabriquer 2000 prothèses de main, redonnant le sourire à des enfants victimes de malformations ou d’accidents.

Du déguisement aux prothèses fonctionnelles

Etats-Unis, 2011. Une convention steampunk rassemble quelques afficionados de cette discipline, qui imaginent ce que serait un monde dominé par les technologies du XIXe siècle. Pour l’occasion, Ivan Owen se fabrique un magnifique costume, dont la pièce maitresse est constituée d’une énorme main mécanique. La vidéo, postée sur YouTube, attire l’attention de Richard, menuisier sud-africain ayant perdu tous les doigts d’une main lors d’un accident du travail. Fasciné par la complexité de cet accessoire ainsi que par son potentiel, Richard prend immédiatement contact avec le jeune inventeur, et tous deux élaborent à distance ce qui sera le premier prototype d’une prothèse mécanique. Peu à peu, le projet prend de l’ampleur, quelques articles sont publiés et des vidéos sont mises en ligne, tant et si bien que les deux hommes se trouvent sollicités par la mère d’un enfant de 5 ans né sans sa main droite.

Adeptes du mouvement Do it yourself , les concepteurs tentent d’utiliser plusieurs matières faciles à se procurer et peu coûteuses. C’est alors qu’Ivan Owen découvre toutes les possibilités offertes par l’utilisation des imprimantes 3D. Dès lors, pourquoi ne pas utiliser ce type de machine pour fabriquer en quelques heures une prothèse en plastique ? Séduit par la portée de cette invention, Ivan Owen est alors rejoint par Jon Schull : tous deux vont rassembler quelques volontaires et fonder en 2013 l’association e-Nable.

Imprimantes 3D et fil de pêche

Destinées essentiellement aux enfants dont les parents ne peuvent acquérir une coûteuse prothèse médicale, ces mains mécaniques reviennent à 50 euros pièce et ne requièrent pour leur confection que du matériel facilement trouvable, velcro, fil de pêche, élastique, mousse et vis. Les modèles, tous disponibles en accès libre, sont téléchargeables sur le site de l’association . Quiconque possède une imprimante 3D, même d’entrée de gamme, peut s’y inscrire pour être mis en relation avec une personne désirant acquérir un tel dispositif.

Devant l’ampleur de la demande, la démocratisation des imprimantes 3D et la simplicité du procédé, la communauté s’est rapidement implantée dans 45 pays, rassemblant non seulement des artistes, des ingénieurs, des informaticiens et des scientifiques, mais aussi des enseignants, des étudiants et des parents, qui se retrouvent régulièrement pour animer des ateliers lors desquels les prothèses sont fabriquées par des enfants. La vision que ces derniers portent sur leurs camarades handicapés change alors du tout au tout, tandis que les bénéficiaires de ces mains mécaniques retrouvent la possibilité de partager les jeux et les activités des personnes valides. Entièrement personnalisables, les prothèses peuvent s’orner de décorations aux effigies de Batman, Superman et autres personnages, faisant des enfants qui les revêtent les super-héros de leur cour de récréation.

e-Nable : quand impression 3D rime avec solidarité
Grâce à de simples imprimantes 3D, les bénévoles de l’association e-Nable fournissent gratuitement des prothèses de main aux personnes atteintes de handicap.
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e-Nable : quand impression 3D rime avec solidarité

L’Hexagone n’est pas en reste avec e-Nable France

Depuis décembre 2015, une antenne e-Nable a été fondée en France, présidée par Thierry Oquidam. Sensibilisé aux activités de l’association aux Etats-Unis, ce dernier, directeur informatique dans une agence de production graphique, acquiert en 2014 une imprimante 3D et parvient à créer une prothèse pour le petit Maxence, 6 ans. Une première dans l’Hexagone, dont la couverture médiatique a permis de recruter de nombreux membres prêts à utiliser leur matériel pour fournir ces accessoires pas comme les autres.

A ce jour, 64 prothèses ont été fournies en France par les bénévoles de cette association régie par les statuts de la loi de 1901. Financée par des dons et des partenariats, e-Nable peine encore à boucler son budget face à l’afflux des demandes. Ce qui n’empêche pas l’équipe de plancher sur un nouveau modèle XXL, destiné aux personnes auxquelles manque l’avant-bras. Chaque année, l’absence ou la malformation d’un membre à la naissance, appelée agénésie, touche en France plus de 300 nouveau-nés.

Sources des photos : ultimaker.com / dokuwiki.hatlab.fr / enablingthefuture.org