Face au CIO, Poutine va faire vibrer la fibre patriotique Face au CIO, Poutine va faire vibrer la fibre patriotique Face au CIO, Poutine va faire vibrer la fibre patriotique
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Face au CIO, Poutine va faire vibrer la fibre patriotique

Publié le 6 décembre 2017,
par Reuters.
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MOSCOU (Reuters) – La candidature de Vladimir Poutine à sa réélection était à Moscou un secret de polichinelle et les démêlés de la Russie avec le Comité international olympique (CIO), loin de lui nuire, lui fournissent un argument de poids supplémentaire.

Le président russe a annoncé mercredi qu’il briguerait un quatrième mandat en mars prochain, une décision sans surprise.

« Tous contre nous », est sans doute la ligne que le maître du Kremlin va adopter dans les semaines à venir, alimentant la flamme nationaliste et patriotique qu’il a rallumée en Russie depuis son arrivée sur la scène politique nationale en 2000.

Le Kremlin, a dit mercredi son porte-parole, Dmitri Peskov, va étudier attentivement la décision du CIO mardi d’exclure la Russie des JO d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, avant de faire connaître sa réponse.

Mais sans attendre la réaction officielle du Kremlin, le sentiment à Moscou, de l’homme de la rue jusqu’aux plus hautes sphères politiques, est qu’il faut privilégier « l’unité nationale » face aux menées de l’Occident.

« Il ne fait aucun doute que tout cela s’inscrit dans la stratégie occidentale de blocage de la Russie », écrit ainsi sur les réseaux sociaux Konstantine Kosatchiov, président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe.

« Ils s’en prennent à notre honneur national (…) à notre réputation et à nos intérêts (…) et orchestrent toute cette hystérie médiatique. »

En Russie, le sport est perçu comme un baromètre de la puissance géopolitique, un aspect que Vladimir Poutine avait exploité à fond avec l’organisation à Sotchi des derniers JO d’hiver en 2014.

Mais c’était avant que le scandale du dopage des athlètes russes n’éclate et ne les empêche déjà de participer aux JO d’été l’an dernier à Rio de Janeiro.

 

FIBRE PATRIOTIQUE

L’exclusion de la Russie des prochains JO d’hiver va inévitablement être présentée comme le résultat d’un complot occidental, disent les observateurs du Kremlin.

Et, note Dmitri Trenine, directeur du Carnegie Moscow Center, Vladimir Poutine saura la retourner en sa faveur, tout comme il l’a fait avec les sanctions occidentales prises après la crise ukrainienne et l’occupation de la Crimée en mars 2014.

« Toute pression sur la Russie, si elle est perçue comme répondant à des motivations politiques et orchestrée par les Etats-Unis (…) renforce la cohésion nationale », explique-t-il.

La popularité du président russe est déjà très élevée, à 80% d’après les sondages, et il n’a guère besoin avec cette affaire du CIO de faire vibrer la fibre patriotique.

Mais il ne va pas s’en priver, dit-on à Moscou, ne serait-ce que pour convaincre les Russes d’aller le soutenir dans les urnes, donc réduire le niveau de l’abstention et donner à sa réélection plus que probable une légitimité accrue.

La ligne officielle du Kremlin a commencé à poindre mercredi dans la réaction postée sur les réseaux sociaux de Maria Zakhavora, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

« Que n’avons-nous pas dû subir de la part de nos ‘partenaires’ tout au long de notre histoire ! » écrit-elle.

« Mais ils ne peuvent tout simplement pas nous abattre. Pas par une guerre mondiale, pas par la chute de l’Union soviétique ou des sanctions (…) On absorbe tout et on survit. »

Au cas où le scandale du dopage des sportifs russes s’étendrait au monde du football, on n’exclut pas à Moscou que l’organisation de la Coupe du monde de football l’été prochain ne s’en trouve compromise.

« Plus rien ne m’étonnerait par les temps qui courent », résume un haut responsable du Kremlin.

 

(par Andrew Osborn. Avec Vladimir Soldatkin et Jack Stubbs, Gilles Trequesser pour le service français)