Football Ecologie France : vers une transition écologique

Eric Cantona faisait le buzz mi-septembre en annonçant, dans une lettre relayée sur les réseaux sociaux, qu’il boycotterait la Coupe du monde 2022 au Qatar : « Je ne regarderai pas un seul match de cette Coupe du monde ».  L’ancien attaquant des Bleus dénonçait notamment « une aberration écologique » avec ces stades climatisés. 

Quelques jours auparavant, Christophe Galtier, l’entraîneur du PSG, avait lui aussi suscité la polémique. Interrogé par un journaliste sur le déplacement du club parisien à Nantes en avion, il avait répondu qu’il étudiait l’usage « du char à voile ». Une simple plaisanterie, qui a été pourtant très mal perçue à l’heure où l’on ne cesse de faire pression sur les Français pour qu’ils économisent l’énergie.

Dans ce contexte de sobriété énergétique, le monde du football a tout intérêt à se racheter une « vertu écologique ». Et c’est là qu’intervient Football Ecologie France, une association à but non lucratif née en juillet 2019 pour « faire du football un acteur majeur de la transition écologique ».

En effet, l’impact écologique du football est particulièrement significatif. Selon les données récoltées par l’association, le transport relatif à la Coupe du monde 2018 a généré 2,1 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de l’impact de 200.000 Français. Chaque événement de type match de Ligue 1 représente 10 tonnes de déchets en moyenne. S’ajoutent à cela les consommations énergétiques pour les stades, la communication numérique, la consommation d’eau pour les pelouses (100 millions de m3 par an en France), etc.

150 adhérents et plus de 25 partenaires

Le champ d’intervention de la FEF est large et va de la sensibilisation au conseil, en passant par une plateforme d’E-learning. Son but est d’inciter les clubs, les collectivités et les entreprises à s’engager dans cette transition écologique. Depuis sa création, la FEF a connu un développement rapide. Elle compte aujourd’hui plus de 30 antennes dont 5 à l’étranger, 400 bénévoles, 150 adhérents, et plus de 25 partenaires. « Football Ecologie France (…) rassemble des citoyens passionnés de football et d’écologie, qui sont experts dans ces domaines-là » explique son président Antoine Miche.  

En 2021, l’association a notamment développé un « serious game » intitulé La Fresque écologique du football, un atelier ludique et interactif qui en deux heures présente ce que peut être l’écologie dans le monde du foot. Celui-ci a été développé grâce à une campagne de financement participatif. Selon Antoine Miche, le bilan de cette Fresque est positif : « Nous parlons beaucoup de solutions à la fin de ce jeu, et cela permet d’activer les participants à créer un plan d’action dans leur club. »

Par ailleurs, la FEF a sorti un livre blanc sur l’« éco-supporterisme » pour faire le point sur l’éco-responsabilité dans le foot, et prôner les bonnes pratiques. L’association a également participé en 2021 au World Clean Up Day ; elle a fait une tournée estivale nommée Foot Lab en collaboration avec l’agence de communication SPK, spécialisée dans le monde du sport, et les magasins Intersport.

La coupe du Monde au Qatar : une opportunité de débat

L’association mise particulièrement sur le développement de partenariats qui permettent le déploiement de solutions sur le terrain, comme avec la Ville de Lyon, la fondation EDF, la Maif ou encore l’Anestap. Ceux-ci incitent les collectivités à s’engager sur le terrain. 

Plus récemment, la FEF a également beaucoup participé aux Jeux olympiques et paralympiques 2022. L’année 2022 se présente comme une année particulière, en raison de la fameuse Coupe du Monde au Qatar. La FEF aura donc son rôle à jouer, en tirant parti de cet événement fortement décrié pour faire avancer le débat. « Nous allons faire en sorte que cet événement soit un sujet de discussion et de médiatisation » explique Antoine Miche. Pour la deuxième année consécutive, la FEF a lancé une consultation nationale citoyenne sur le football et la transition écologique. 

Selon les fondateurs de la FEF, la transition écologique semble être prise au sérieux par de plus en plus de clubs de sport. « Il y a des accords sur des panneaux solaires, les transports en commun gratuits les soirs de match, le zéro déchet ou une offre d’alimentation végétarienne dans les stades », énumère Antoine Miche. 

Si les clubs amateurs jouent de plus en plus le jeu, Antoine Miche ne désespère pas de voir le football professionnel suivre cette tendance, même si cela prendra certainement plus de temps.

Photos : ecolosport.fr – football-ecology.org – ademe.fr

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