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Politique

Le Cavalier court toujours

Publié le 9 septembre 2015,
par VisionsMag.
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Silvio Berlusconi ne fait plus la une des journaux en Europe et ses frasques à l’italienne ne sont plus au goût du jour. Pourtant, selon de récentes déclarations, le président russe Vladimir Poutine souhaite faire de l’ancien chef du gouvernement italien un citoyen russe et son ministre de l’Économie.

Selon le quotidien italien La Stampa, Silvio Berlusconi, qui a dirigé le pays de 1995 à 2006 puis de 2008 à 2011, a déclaré que le président russe Vladimir Poutine lui avait proposé la nationalité russe et le poste de ministre de l’Économie. Le porte-parole du Kremlin a toutefois minimisé ses dires en qualifiant ces propos de « plaisanteries ».

Aujourd’hui âgé de 78 ans, Silvio Berlusconi est en effet relégué aux événements de second plan par le gouvernement de Matteo Renzi, élu en février 2014. Mais sa longévité exceptionnelle aux affaires lui garantit encore un soutien important.

Une amitié de longue date

En 2011, la démission de Silvio Berlusconi a fait grand bruit en Russie. L’Italie a toujours été un marché important pour le gaz russe et l’économie italienne a toujours gardé un œil sur le potentiel de croissance du pays de l’Oural. Alors que le « Cavaliere » (« cavalier ») estimait Vladimir Poutine comme le plus qualifié pour diriger un pays tel que la Russie, le gouvernement de Renzi ne réserve pas le même accueil à la politique russe.

C’est en 2002 que les liens d’amitié entre Silvio Berlusconi et Vladimir Poutine ont apparu au grand jour. Les deux filles du dirigeant russe passaient alors l’été chez son homologue italien. En 2003, c’est toute la famille Poutine qui a séjourné en Italie. Au fur et à mesure des années, leur complicité et leur entente politique s’est faite de plus en plus claire. Leurs intérêts commerciaux et leurs visions parfois loin de l’éthique tolérée dans le domaine sont également leurs plus gros points communs.

Même s’il s’est vu contraint de démissionner de son poste de sénateur et privé de fonction publique ces deux dernières années en raison de fraude fiscale, Berlusconi a continué à soutenir Poutine. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, ce dernier est exclu des réunions du G8 en raison de sanctions économiques instaurées par l’Union européenne. Silvio Berlusconi a toutefois enjoint le gouvernement italien à convaincre les Américains que la situation équivalait au retour de la guerre froide. En vain.

Pourtant, en juin dernier, Vladimir Poutine a voulu briser cet isolement sur la scène diplomatique international. C’est donc naturellement en Italie qu’il s’est rendu en raison de l’amitié traditionnelle qui existe entre les deux pays. Certes, moins amical que son prédécesseur, le président du Conseil Matteo Renzi a accueilli le président russe. Durant sa visite, il a pu rencontrer le pape François Ier, qui l’a exhorté à faire un effort de paix. Silvio Berlusconi lui a rendu visite le mois dernier. Toutefois, l’avenir du « Cavaliere » ne se joue pas pour autant à Moscou.

Échapper à la prison à tout prix

L’un des scénarios les plus plausibles de l’avenir de Berlusconi était en effet la prison. Avec plus d’une centaine de procès à son encontre, il n’est pas difficile de trouver des motifs pour mettre fin à sa carrière politique. En juin dernier, il a été condamné à trois ans de prison pour avoir corrompu un sénateur afin de déstabiliser le parti politique de centre gauche entre 2006 et 2008. Il n’aura toutefois pas à se rendre derrière les barreaux car son immunité politique n’expire pas avant la fin de l’année. Au total, dans cette affaire, ce sont plus de 3 millions de dollars qui ont été payés par Berlusconi pour que le sénateur quitte le parti de Romano Prodi, son opposant direct.

En 2014, Berlusconi avait également déjà été condamné à 4 ans de prison et éjecté de son siège de sénateur à cause de scandales sexuels et de corruption.

Ces affaires judiciaires sont ironiques quand on sait que l’ex-dirigeant italien est entré en politique pour éviter la prison. En 1993, la justice italienne menait une chasse aux sorcières pour épurer la politique du pays de la corruption. Suite à l’opération dite « Mains propres », cinq partis s’effondrent. C’est là que Silvio Berlusconi décide de faire son entrée sur la scène politique. Il crée son parti de centre-droit, « Forza Italia », en 1994 afin d‘échapper aux magistrats. Il souhaite gouverner et faire passer des mesures favorables aux entreprises. Il est alors à la tête de Mediaset, l’un des groupes de communication les plus puissants du pays, ce qui l’avantage grandement dans la création de son parti. La même année, il remporte les élections et devient président du Conseil italien.

En 2011, il est contraint à la démission mais sa main mise sur le parti est telle qu’il reste plus d’avenir à Berlusconi qu’à Forza Italia. Aujourd’hui, le parti de centre droit ne recueille plus que 21% des voix, loin du soutien ouvrier dont il bénéficiait il y a vingt ans. De plus, il n’existe pas de successeur tout désigné à Berlusconi. Aussi, ce dernier n’exclue donc pas un retour en politique lors des prochaines élections qui doivent être organisées avant février 2018.

Le Cavalier court toujours
Poutine souhaiterait faire de Berlusconi son ministre de l’Économie. Plaisanterie ? Mais quel va être l’avenir d’un Cavaliere qui s’accroche coûte que coûte pour éviter la prison?

Le foot, les médias ou la politique pour Berlusconi?

Pour beaucoup de spécialistes, Silvio Berlusconi reste l’homme fort d’Italie même s’il perd de son influence. Grâce à sa bonne compréhension des attentes des électeurs de centre-droit et à son empire médiatique et financier qui lui a permis de lancer sa carrière politique il y a une vingtaine d’années, il reste déterminé à rester à la tête de l’un des partis les plus importants du futur politique italien.

Les affaires sont encore bien présentes dans la tête de l’ex-dirigeant, qui vient de nommer son fils au poste de PDG de Mediaset. Avec un patrimoine estimé à 12 milliards de dollars, il est également l’homme le plus riche d’Italie. Il a récemment vendu 48% de son club de football, le Milan AC, acquis en 1986, à un homme d’affaires Thaï, sans pour autant s’en retirer. Il a, à ce titre, réitéré son intérêt pour l’équipe. D’un club en faillite, Berlusconi en a fait l’un les plus réputés au monde. De quoi assurer une reconversion si jamais la politique ne fonctionne plus pour lui.

Photos : nouvelobs.com / lexpress.fr