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Les indépendantistes catalans conserveraient leur majorité absolue

Publié le 21 décembre 2017,
par Reuters.
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par Sonya Dowsett et Sam Edwards

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BARCELONE (Reuters) – Les formations indépendantistes catalanes étaient bien parties pour conserver leur majorité absolue au Parlement régional à l’issue des élections de jeudi, selon des résultats partiels publiés par l’exécutif catalan après dépouillement de 52% des bulletins.

Ces résultats partiels confirmant la tendance exprimée par un sondage à la sortie des urnes sonnent comme un désaveu pour Madrid, qui espérait que ce scrutin affaiblirait les partis indépendantistes et étoufferait leur campagne pour une sécession à marche forcée.

D’après les projections réalisées à partir des résultats portant sur 52% des suffrages, les mouvements séparatistes obtiendraient 70 élus, soit deux de plus que la majorité absolue, dans le Parlement de 135 sièges.

Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant minuit.

Si la tendance se confirme, il s’agirait d’un succès majeur pour les séparatistes, qui paraissaient affaiblis par la saga de la « vraie-fausse » déclaration d’indépendance de l’automne, après le référendum d’autodétermination illégal du 1er octobre qui a débouché sur la suspension de l’autonomie de la Catalogne et la fuite à Bruxelles de son président, Carles Puigdemont.

Ces élections régionales anticipées ont été convoquées à l’initiative du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy pour, selon son expression, rétablir la « normalité » en Catalogne après la dissolution de ses institutions, fin octobre.

Le dirigeant conservateur espagnol espérait que le scrutin aboutirait à la formation d’un gouvernement local favorable au maintien de la région la plus riche d’Espagne au sein de la nation espagnole.

« LE PROBLÈME RESTE ENTIER POUR MADRID »

Mais au terme d’une campagne électorale sous haute tension qui a débouché sur un taux de participation record de 83%, les indépendantistes pourraient au contraire sortir confortés, même si la tâche de former une coalition gouvernementale s’annonce compliquée.

« Ce que montre cette élection, c’est que le problème reste entier pour Madrid et que le mouvement sécessionniste ne disparaît pas », a commenté Antonio Barroso, directeur de recherche adjoint de la société Teneo Intelligence, basée à Londres, à l’annonce des résultats préliminaires.

Les séparatistes ont fait campagne alors que leurs dirigeants sont sous le coup d’enquêtes judiciaires ou en détention préventive. Le président destitué de Catalogne, Carles Puigdemont, l’a fait, lui, de Bruxelles.

« Aujourd’hui, nous allons démontrer quelle est la force d’un peuple indomptable. Que l’esprit du 1er octobre nous guide pour toujours », a écrit sur Twitter Puigdemont, qui a voté par procuration dans un bureau de vote des faubourgs de Barcelone, par l’intermédiaire d’une jeune fille de 18 ans, Laura Sancho.

Bien que fatigués par trois mois de tensions, les Catalans sont restés très mobilisés par ce scrutin, perçu comme un nouveau référendum sur l’indépendance, après le placement de la région sous la tutelle de Madrid.

Avec un paysage politique morcelé, la négociation d’alliances pour permettre la formation d’un gouvernement pourrait prendre plusieurs semaines.

Les tractations devraient débuter le 6 janvier, après les fêtes de fin d’année. En cas d’échec, de nouvelles élections pourraient avoir lieu au printemps.

TON PLUS CONCILIANT

Le Parti démocrate européen catalan (PDeCAT) de Carles Puigdemont et la Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, ERC) n’ont pas réussi à reconstituer le front uni qui leur avait permis de conquérir le pouvoir, en 2015. Cette fois-ci, ils sont allés séparément aux urnes.

L’ERC, dont le chef et ancien adjoint de Carles Puigdemont, Oriol Junqueras, est en détention provisoire, devrait devenir le parti indépendantiste le plus important au parlement régional, à en croire les projections qui le créditent de 34 à 36 sièges.

Il est donné au coude-à-coude avec Ciudadanos, formation de centre droit unioniste, qui aurait 34 à 37 élus.

Si les deux partis parviennent à aplanir leurs différences, l’ERC devrait être en mesure de gouverner de nouveau avec le parti de Carles Puigdemont, crédité de 28 à 29 sièges.

Les séparatistes pourraient aussi bénéficier du soutien ou de l’abstention des sept ou huit élus du parti anti-austérité Podemos.

Podemos est favorable à l’unité constitutionnelle de l’Espagne mais estime que les Catalans ont le droit de se prononcer sur leur avenir dans le cadre d’un référendum autorisé par Madrid.

Il souhaite une alliance de partis de gauche dont certains sont indépendantistes et d’autres non.

Oriol Junqueras, qui a fait campagne de la prison où il est incarcéré dans la banlieue de Madrid, a lui-même adopté un ton plus conciliant envers Madrid.

« Je peux vous assurer que nous sommes des démocrates avant d’être des séparatistes et que la fin (obtenir l’indépendance) ne justifie pas toujours les moyens », a-t-il dit dans une interview par écrit accordée à Reuters.

Lors de récents rassemblements, de nombreux partisans de la sécession ont paru reconnaître qu’obtenir l’indépendance sans le consentement de l’Espagne n’était plus le but recherché.

(Avec Angus Berwick à Madrid, Dhara Ranasinghe à Londres et Robert-Jan Bartunek à Bruxelles; Danielle Rouquié, Gilles Trequesser, Guy Kerivel et Tangi Salaün pour le service français)

Les indépendantistes catalans conserveraient leur majorité absolue
Les Catalans élisent jeudi un nouveau parlement à la faveur d'un scrutin dont le pouvoir central espagnol espère qu'il affaiblira le poids des partis indépendantistes et étouffera leur campagne pour une sécession à marche forcée.
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