Serge Haroche, un chercheur sous les feux des projecteurs Serge Haroche, un chercheur sous les feux des projecteurs Serge Haroche, un chercheur sous les feux des projecteurs
Biographie

Serge Haroche, un chercheur sous les feux des projecteurs

Publié le 20 mai 2013,
par VisionsMag.
Partager
()

Le monde quantique. Un nom d’oiseau pour certains, un fantasme pour d’autres mais un sacerdoce pour Serge Haroche. Né à Casablanca en 1944, son père était juif marocain et sa mère avait des origines russes. Avec une mère enseignante et un père avocat, Serge Haroche est tombé dans l’enseignement et le monde intellectuel dès sa petite enfance. D’ailleurs, on lui prédestinait déjà une riche carrière d’homme de science.

Obligée de quitter son Maroc natal en 1958, après la fin du protectorat français, la famille Haroche choisit la France comme terre d’accueil, les grands-parents ayant déjà une forte attache avec la Métropole. Le jeune Haroche poursuit des études secondaires brillantes, grâce à une intelligence hors du commun et une acuité particulière pour les disciplines scientifiques.

La recherche et non le commerce

Après son bac, Serge Haroche doit faire le choix entre deux grandes écoles. Il est parmi les majors des concours d’entrée à l’École Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Il a le choix entre ces deux prestigieux établissements mais il jettera son dévolu sur l’ENS. Il y suivra un brillant parcours universitaire. En parallèle, il s’inscrit à la faculté des Sciences de l’Université de Paris pour y suivre des cours spécifiques. Au lieu d’un parcours juteux financièrement de « major » d’entreprises ou d’administrateur civil, il choisit la recherche. C’est une résurgence de l’intellectualisme que son grand-père, Directeur au sein de l’Alliance française à Casablanca à son époque, a su tisser dans la famille. Durant son cursus, il aura un penchant particulier pour les atomes et ses corollaires. C’est dans son optique de comprendre le fonctionnement de l’univers grâce à la plus petite de ses composantes. Cette volonté de recherche l’habitera et le « hantera » durant le reste de son parcours.

Serge Haroche sera également chanceux car il est aussi au bon moment et au bon endroit. Il est né « scientifiquement » avec le tournant révolutionnaire pris par les sciences optiques en 1960. Exit les théories et les spéculations des aînés, place aux expérimentations concrètes. Les physiciens,« apprentis sorciers » de l’époque, apprennent à manipuler les matières fondamentales par le biais de la lumière. Une véritable révolution où l’homme aura sa place particulière.

Haroche se plonge dans le physique quantique

Serge Haroche gravit les échelons à la vitesse de la lumière. En 1967, il passera avec succès l’agrégation de physique et obtient le doctorat de spécialité, après avoir décroché sa licence en sciences physiques. La même année, il est recruté par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), à seulement 23 ans, conséquence logique d’un parcours sans faute. En 1971, sous la direction de Claude Cohen-Tannoudji, il soutient sa thèse intitulée « L’atome habilité ». Ce travail de doctorat en sciences physiques à l’université sera présenté à Paris VI. Si pour les uns, c’est une consécration, pour lui, c’est une étape obligée pour mettre en pratique ses théories.

[soundcloud url= »http://api.soundcloud.com/tracks/63142141″ /]

Apôtre de la recherche fondamentale, il défend bec et ongles les avancées concrètes, et qui ont une incidence sur le quotidien, des travaux réalisés sur les atomes et les photons. Tout au long des années 1970, l’homme met en œuvre de nouveaux procédés pour l’étude expérimentale du spectre d’un phénomène physique.

De par ses travaux de recherche, Serge Haroche continue à asseoir la physique quantique sur son trône. Il consolide les fondations érigées par Albert Einstein et consorts. Si les prestigieux prédécesseurs du chercheur devaient se contenter de chiffres et d’expériences conceptuelles, il a en possession des outils modernes permettant de confronter les théories avancées.

Le monde quantique. Un nom d’oiseau pour certains, un fantasme pour d’autres mais un sacerdoce pour Serge Haroche.

Enseignant de premier choix

La transmission des savoirs étant une mission primordiale pour tout chercheur, Serge Haroche s’y attellera avec la fougue qui lui est caractéristique.

Il sera Maître de conférences à l’École polytechnique, professeur à l’université Paris-VI et membre de l’Institut de France. Les instituts prestigieux outre-atlantique ne seront pas non plus insensibles au talent de l’homme. Il enseignera pendant neuf ans à l’université de Yale, aux États-Unis. Nommé en 2001 professeur au Collège de France et titulaire de la chaire de physique quantique, Serge Haroche dirige le groupe d’électrodynamique des systèmes simples au sein du laboratoire Kastler Brossel du département de physique de l’ENS.

Ses travaux sur l’infiniment petit lui vaudront de grandes récompenses. Il décroche, pèle-mêle, un Fellow de l’American Physical Society, un prix Aimé Cotton de la Société française de physique (1971), un prix Jean Ricard de la Société française de physique (1983), Einstein Prize for Laser Science (1988), une médaille d’or du CNRS (2009), etc…et surtout le Graal tant couru par tous les chercheurs, un prix Nobel de Physique avec l’Américain David Wineland.