Takayuki Kobayashi à la tête du nouveau ministère japonais de la Sécurité économique Takayuki Kobayashi à la tête du nouveau ministère japonais de la Sécurité économique Takayuki Kobayashi à la tête du nouveau ministère japonais de la Sécurité économique
Politique

Takayuki Kobayashi à la tête du nouveau ministère japonais de la Sécurité économique

Publié le 25 janvier 2022,
par VisionsMag.
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À 46 ans, Takayuki Kobayashi vient d’être nommé ministre de la Sécurité Économique du Japon. Une mission cruciale mais assez vague est donc confiée à un homme politique lui aussi méconnu.

Élu 100e Premier ministre du Japon en octobre dernier, Fumio Kishida bouleverse quelques habitudes dans la politique du pays du Soleil Levant. Parmi les 21 personnes qui forment désormais son nouveau gouvernement, 13 seront ministres pour la première fois, comme Takayuki Kobayashi, désormais à la tête du nouvellement créé ministère de la Sécurité Économique.

Un homme de l’ombre propulsé sur la scène internationale

Au-delà de son manque d’expérience en tant que Ministre, Takayuki Kobayashi surprend aussi par son (relatif) jeune âge. En effet, à l’exception de Makishima Karen, nommée Ministre de la Réforme numérique (44 ans), Kobayashi sera à 46 ans le plus jeune ministre du gouvernement Kishida. Si cela paraît effectivement assez jeune comparé au reste de la classe politique japonaise traditionnelle, cela ne signifie pas pour autant que Kobayashi est un politicien inexpérimenté !

Certes, la majeure partie du grand public ne connait pas ou peu Takayuki Kobayashi. Pourtant, le quarantenaire originaire d’Ichikawa (préfecture de Chiba) dispose déjà d’un CV bien rempli. Formé à Harvard, Takayuki Kobayashi a notamment travaillé comme diplomate à l’ambassade du Japon aux USA, mais fût avant cela vice-ministre parlementaire de la Défense dans le cabinet de Shinzo Abe. 

Mais surtout, Kobayashi a commencé sa carrière politique en 1999 comme membre du ministère des Finances et du Bureau Financier, dont la principale mission est de gérer les obligations d’État, les investissements et différents bien de l’État japonais. Une expérience qui fût sans doute primordiale au moment de le nommer ministre de la Sécurité Économique.

L’influence chinoise en ligne de mire ?

La mission désormais acceptée par Takayuki Kobayashi demeure quelque peu ambiguë. En bref, il s’agira de garantir la souveraineté nippone face aux influences étrangères en usant de tous les leviers économiques disponibles.

Parmi ces influences extérieures, il est raisonnable de penser que la Chine soit une préoccupation majeure du gouvernement japonais. En raison de la mondialisation et de sa situation géographique, le Japon est en effet très dépendant de l’Empire du Milieu. Bien que partenaire commercial privilégié, la Chine est également un rival stratégique pour le Japon, et ne rechigne généralement pas à utiliser le commerce comme moyen de pression. De plus, le Japon semble voir d’un mauvais œil la pénétration de produits chinois sur son marché. Soupçonnés de tenter d’infiltrer les infrastructures japonaises à l’aide de codes cachés au sein de leurs produits technologiques, les japonais ont déjà commencé à prendre des mesures de protection en interdisant l’utilisation des produits Huawei sur le marché public. Il ne serait pas surprenant que d’autres marques venus de Chine et d’ailleurs rejoignent ainsi la liste des entreprises bannies du marché si le ministère de la Sécurité Économique soupçonne une menace similaire dans les années à venir.

Enfin, Takayuki Kobayashi aura visiblement pour mission d’établir de nouveaux pare-feux visant à améliorer la protection de la propriété intellectuelle au Japon (notamment de son patrimoine technologique avancé), et d’éviter la fuite de son savoir-faire vers l’étranger. Encore une fois, de nombreux experts y voient une tentative de contre-attaque face aux présumés vols de technologie japonaise perpétrés par des organisations chinoises ces dernières années. On se souvient par exemple d’une cyber-attaque du géant Mitsubishi Electric imputée à des hackers chinois (les « Bronze Butler ») en 2020. Encore plus récemment (avril 2021), le chef de la police de Tokyo identifie officiellement l’armée chinoise comme responsable d’une série de cyber-attaques à l’encontre d’environ 200 entreprises et organisations de recherche japonaises, incluant l’agence spatiale du pays…

Améliorer le filtrage des investissements entrants, renforcer la protection des capitaux japonais, identifier les menaces économiques potentielles… Bref, un beau chantier qui s’annonce pour le Ministre de la Sécurité Économique ! Le membre du parti démocrate étant encore assez méconnu et le nouveau ministère encore en phase embryonnaire, difficile de savoir quelles mesures concrètes seront prises dans les mois à venir… Néanmoins, la création de ce nouveau département d’État envoie un message clair à la scène internationale : le premier ministre Kishida tient à la souveraineté économique du Japon, et Takayuki Kobayashi sera désormais chargé de la défendre !

Photos : japantimes.com – wikimedia.org

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À 46 ans, Takayuki Kobayashi vient d'être nommé ministre de la Sécurité Économique du Japon. Une mission cruciale mais assez vague est donc confiée à un homme politique lui aussi méconnu.
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