USA : l’ultra-libéral Paul Ryan à la tête de la Chambre des représentants USA : l’ultra-libéral Paul Ryan à la tête de la Chambre des représentants USA : l’ultra-libéral Paul Ryan à la tête de la Chambre des représentants
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USA : l’ultra-libéral Paul Ryan à la tête de la Chambre des représentants

Publié le 19 décembre 2015,
par VisionsMag.
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John Boehner est un conservateur américain, membre du Parti républicain, homme d’affaires et personnalité représentative du libéralisme anglo-saxon. Leader de la branche républicaine au Congrès, il a été réélu au poste de président de la Chambre des représentants américaine en 2015, mais a démissionné de son poste tout récemment, laissant sa place à Paul Ryan. Il a en effet subi la pression de l’aile droite du parti et notamment du Tea Party, qui jugeait trop peu libéral un homme pourtant peu réputé pour une idéologie interventionniste forcenée. Qui donc est Paul Ryan, son successeur, qui semble contenter la frange la plus radicale du conservatisme américain au Congrès et ainsi être en mesure de rendre sa cohésion au camp républicain à l’approche des élections présidentielles de 2016?

Un chantre de l’ultralibéralisme

Originaire du Wisconsin, où il naquit le 29 janvier 1970, Paul Ryan a connu une ascension fulgurante dans le monde politique. Fils d’avocat, il fait ses études dans plusieurs établissements religieux puis à l’université Miami dans l’Ohio, où il étudie l’économie et les sciences politiques, avant d’être élu dès 29 ans à la Chambre des représentants. De son parcours estudiantin, il retient notamment les théories économiques libérales et néo-libérales de Von Hayek, Milton Friedman et surtout d’Ayn Rand, qui demeure sa première source d’inspiration politique et dont il impose aujourd’hui la lecture à ses collaborateurs. Celle-ci est connue pour sa philosophie « objectiviste », proche du mouvement libertarien. Auteur de « the Virtue of Selfishness » (« la vertu de l’égoïsme »), elle est considérée comme la théoricienne d’un capitalisme individualiste, le plus éloigné possible de toute idée de collectivisme et d’interventionnisme. Nous nous situons donc là dans un domaine de pensée économique ultralibéral, même pour les Etats-Unis.

C’est cet ultralibéralisme qui constitue le socle de l’action politique de Paul Ryan, et qui semble avoir été susceptible de lui rallier la branche la plus radicale de la droite américaine. Il semble également que le jeune promu des conservateurs, un fervent militant catholique, ait pu s’attirer les sympathies des plus radicaux par ses prises de position anti avortement, montrant au passage qu’il savait le cas échéant se détacher des idéaux de son inspiratrice, profondément antireligieuse.

Le nouveau théoricien des conservateurs américains

Si l’homme, âgé de 45 ans, est encore jeune pour un politicien appelé à de telles responsabilités, son curriculum vitae n’en est pas moins abondamment fourni. Elu dès 1999 à la Chambre des représentants, il accédera à la position de colistier de Mitt Romney lors des élections présidentielles de 2012, en vue d’obtenir la vice-présidence. Mais c’est surtout son expertise poussée des questions budgétaires qui déterminera sa rapide ascension à Washington. S’il est forcé, à ses débuts et en tant que représentant « junior », d’accepter sans broncher la politique très dépensière de George W. Bush, il peut sous l’ère Obama donner toute la mesure de sa vision extrêmement rigoureuse du budget fédéral, lorsqu’il devient président de la commission budgétaire de la chambre en 2011, suite à la victoire des Républicains lors des élections de mi-mandat en 2010.

Il proposa alors de nombreuses lois visant à réduire le déficit et les impôts ou à privatiser la sécurité sociale. Ses théories sont alors peu à peu devenues la matière première du programme budgétaire des Républicains, et il a également été le grand artisan des attaques contre le fameux programme de santé d’Obama, le « Obamacare », qui visait pour la première fois aux Etats-Unis à instaurer un système de soins public, ou encore contre le « Climate Change Plan », une série de mesures contraignantes pour les entreprises en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre entre autres. Il est intéressant de noter qu’il parla alors d’ « européanisation » du système fiscal et budgétaire américain.

USA : l’ultra-libéral Paul Ryan à la tête de la Chambre des représentants
Succédant à John Boehner, le républicain Paul Ryan a été élu « Speaker » de la Chambre des représentants, devenant ainsi le troisième personnage de l’Etat et le nouvel homme fort du camp conservateur.

Un véritable chef de file désormais

Produit typique de la nouvelle génération de Républicains au Congrès, Paul Ryan semble mû par une vision idéologique de la politique, dont l’ambition est de proposer de véritables réformes et solutions, et non plus de se contenter d’une opposition systématique et stérile face aux propositions des démocrates, comme a pu se contenter de le pratiquer la vieille garde conservatrice. En prenant le poste de « Speaker » à la Chambre des représentants, Il assoit ainsi un peu plus son omniprésence au sein de la droite américaine, et doit dorénavant se charger de faire retrouver à celle-ci son unité à l’approche des élections présidentielles de 2016.

Sources des photos: bobcesca.com / thenation.com