Vers un accord en RDC entre pouvoir et opposition
KINSHASA (Reuters) – Le parti au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et le principal bloc d’opposition se sont entendus sur le principe du maintien au pouvoir du président Joseph Kabila jusqu’à la fin 2017, ont annoncé vendredi deux responsables de l’opposition.
En contrepartie, le chef de l’Etat s’engage à ne pas chercher à modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat, ont précisé Martin Fayulu et José Endundo en citant le texte du projet d’accord.
Une personnalité issue des rangs de l’opposition va en outre être désignée Premier ministre, ont-ils ajouté.
« Kabila va rester au pouvoir pour un an », a déclaré Martin Fayulu à Reuters. « Il ne cherchera pas à se présenter pour un nouveau mandat. »
Un porte-parole du gouvernement congolais n’a pas souhaité faire de commentaire sur cet accord, qui n’a pas encore reçu l’approbation des délégués participant aux négociations organisées sous l’égide de l’Eglise catholique.
Jean-Marc Kabund, secrétaire général du principal parti d’opposition, l’UDPS, a prévenu que les négociations n’étaient pas terminées et qu’elles pouvaient encore échouer.
« Aujourd’hui c’est le dernier jour (de négociations) », a-t-il dit à Reuters. « Ca passe ou ça casse. »
Les tractations visent à mettre fin aux manifestations et aux violences qui ont fait au moins 40 morts cette semaine dans le pays, selon le Haut Commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Zeïd Ra’ad al Hussein.
Il y a eu en outre 450 arrestations, dit-il dans un communiqué émis à Genève, dénonçant l’usage excessif de la force.
Si l’accord est confirmé, sa mise en oeuvre devrait être supervisée par l’opposant Etienne Tshisekedi, ont dit Martin Fayulu et José Endundo.
Le mandat de Joseph Kabila a expiré lundi dernier à minuit. Les autorités de Kinshasa ont repoussé jusqu’en avril 2018 l’élection destinée à désigner son successeur, initialement prévue en novembre, officiellement pour des raisons logistiques et financières.
Etienne Tshisekedi a dénoncé mardi un « parjure » et une « haute trahison » de la part du chef de l’Etat et appelé la population congolaise à la « résistance pacifique ».
La France a de son côté invité l’Union européenne à « réexaminer » ses relations avec la RDC.
(Aaron Ross, avec Stéphanie Nebehay à Genève, Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser)