A l’heure où la France, en pleine crise des réfugiés, doit faire face au repli sur soi et à la peur de l’autre, le parcours d’Anina Ciuciu prouve, au contraire, que l’immigration peut être une chance pour notre richesse nationale.
Obligée de mendier pour survivre
Anina Ciuciu, 26 ans, est née en Roumanie au sein de la communauté rom. Elle est la cadette d’une famille de trois enfants avec un père comptable, et une mère aide-soignante. A 7 ans, victime du racisme anti-Roms, sa famille décide de fuir en France. A mi-chemin, leur passeur les abandonne en Italie où la famille est obligée de vivre dans le « Casilino 900 », l’un des plus grands et plus anciens camps de nomades de Rome. En situation illégale, Anina et ses deux sœurs ne sont pas scolarisées. Refusant de voler pour survivre, les trois filles et leur mère doivent mendier dans les quartiers populaires. Aujourd’hui encore, Anina ne peut oublier cette période qui fut la pire de son existence au milieu des rats, de la boue, du mépris et de l’humiliation.
De l’arrivée en France…
Après quelques mois passés en Italie, la famille Ciuciu arrive enfin en France. Les premiers temps sont difficiles. En 1999, Anina vit dans un fourgon à Bourg-en-Bresse en toute illégalité et continue à vivre de la mendicité. Mais le destin de la famille bascule, quelques habitants de la petite ville sont touchés par la famille rom et la solidarité s’organise. Très vite la situation évolue favorablement et arrivent les permis de séjour, le logement social et un emploi pour les parents.
…vers l’excellence scolaire pour Anina Ciuciu
Parallèlement, les filles Ciuciu sont scolarisées et apprennent rapidement le français. Anina se montre particulièrement brillante et garde encore aujourd’hui un profond attachement à « madame Jacqueline », l’institutrice qui lui a appris à lire. Commence ainsi pour Anina un sans-faute vers l’excellence scolaire : bac avec mention, licence de droit puis la Sorbonne dont elle sort major de sa promo.
Sa demande de nationalité française est enfin acceptée en 2013 et, en 2014, le Premier ministre roumain la nomme conseiller honorifique sur la problématique rom. Aujourd’hui, après avoir réussi l’examen d’entrée à l’école de formation du barreau de Paris, Anina poursuit ses études afin de devenir avocate spécialisée dans les droits de l’homme et souhaite consacrer sa vie à la lutte contre les discriminations.
le combat d’Anina Ciuciu contre les préjugés
Fière de ses origines, Anina se bat particulièrement pour la cause rom afin de prouver que l’on peut être Rom, Français et faire de brillantes études. Elle a d’ailleurs publié un livre témoignage (1) sur son parcours dans lequel elle affirme n’être en rien exceptionnelle et souhaite que son histoire puisse servir d’exemple.
Du bidonville roumain à la Sorbonne en passant par les camps de Roms et l’école de la République, Anina Ciuciu, véritable Cosette des temps modernes, à force de travail et de persévérance, donne une belle leçon de vie qui, on l’espère, saura mettre fin aux stéréotypes tenaces qui entourent encore la communauté rom.
(1) « Je suis Tzigane et je le reste » par Anina Ciuciu, avec Frédéric Veille. Éditions City.
Sources des photos : donneuropa.it / tropics-magazine.com / leplus.nouvelobs.com