VIENNE (Reuters) – L’Autriche, taxée de « capitale du racisme radical » par la Turquie, a appelé vendredi Ankara à modérer son discours et à balayer devant sa porte.
« Je rejette vivement les critiques du ministre turc des Affaires étrangères contre l’Autriche. Qu’Ankara modère le choix de ses mots et le cours de ses actes, et qu’elle fasse son travail », a commenté le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, cité par son porte-parole.
La brouille entre les deux pays a débuté mercredi soir, quand le chancelier autrichien, le social-démocrate Christian Kern, s’est publiquement interrogé sur l’intérêt qu’il y aurait de poursuivre les discussions d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne en raison des déficiences démocratiques et économiques du pays.
Dans une interview à la chaîne de télévision ÖRT, le chef du gouvernement autrichien a qualifié les discussions en vue d’une adhésion d’Ankara de « fiction diplomatique » et a affirmé que « les normes démocratiques sont clairement insuffisantes pour justifier une accession » de la Turquie.
Le lendemain, le gouvernement turc se disait « troublé » par la proximité entre les propos de Kern et les positions de l’extrême droite.
Vendredi, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a renvoyé le chancelier autrichien à la situation politique dans son propre pays, où l’extrême droite visera la présidence lors du nouveau second tour de l’élection, en octobre prochain, après annulation du précédent scrutin.
« Le chancelier autrichien devrait d’abord observer son propre pays. L’une des tendances ennemies des droits de l’homme et des valeurs, c’est le racisme, et aujourd’hui, l’Autriche est la capitale du racisme radical », a dit le ministre turc dans une interview diffusée par la chaîne TGRT Haber.
(Shadia Nasralla avec Tulay Karadeniz et Humeyra Pamuk à Istanbul; Laura Martin et Henri-Pierre André pour le service français)