La bande à Macron : les Poitevins de la politique s'imposent à l'Assemblée
Surnommés les « Macron boys », de jeunes députés à peine trentenaire de La République en marche attirent l’attention des médias depuis leur arrivée à l’Assemblée l’année dernière. Critiquant ouvertement la politique du gouvernement, les récentes saillies de ces députés marcheurs leur ont dernièrement valu un recadrage de Matignon. S’agit-il d’une stratégie de communication ou d’une tentative de fronde ? Dans tous les cas, avec la nouvelle affaire Benalla, on risque de les voir surgir sur le front.
Faire de la politique autrement
Composée d’une dizaine de macronistes de la première heure, cette « Team Macron » – du nom du groupe qui les relie en permanence sur l’application Telegram – s’est donné comme mission de protéger le président. Parmi eux, beaucoup sont poitevins, ce qui leur vaut le nom de « la bande de Poitiers » au sein du palais Bourbon. On y trouve Pierre Person, député de Paris et cofondateur-président des Jeunes avec Macron, Sacha Houlié cofondateur-président des Jeunes avec Macron, député de la Vienne et qui vient d’être nommé à seulement 28 ans vice-président de l’Assemblée, Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres ou encore Aurélien Taché, député du Val d’Oise. Ces derniers se sont connus sur les bancs de la faculté de Poitiers avec Stéphane Séjourné, l’un des trois conseillers principaux d’Emmanuel Macron.
Les femmes ne sont pas en reste dans cette bande bien décidée à dépoussiérer la politique en ne mâchant pas leurs mots. Ainsi Clara Koenig, ayant fait ses classes sur les bancs de Sciences Po Poitiers, est devenue conseillère auprès du porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux. L’avocate Marine Mathé, issue des bancs de l’université de Poitiers, a également rejoint le mouvement En Marche pour en devenir la directrice des affaires juridiques. Enfin, Sibeth Ndiaye, l’actuelle conseillère en communication du président, est également passé par l’université de Poitiers au début des années 2000.
L’influence de ces jeunes qui se revendiquent comme le « canal historique » du macronisme, fait grincer des dents. Au sein du groupe LREM, certains les qualifient même d’apparatchiks. En effet leur manière de faire de la politique diffère. En plus de leur réunion stratégique hebdomadaire, ces jeunes députés n’hésitent pas à jouer la carte médiatique. Il faut désamorcer un malentendu sur la PMA pour les couples de femmes ? Alors ils font publier une tribune dans le journal Libération pour lever les ambiguïtés.
Dire aux micros que « ça va gueuler » quand le gouvernement fait passer des lois et être omniprésents sur les réseaux sociaux : cela fait également partie de la stratégie. Cette spontanéité, jugée par leurs aînés comme un manque d’expérience plus qu’un réel atout politique, est leur marque de fabrique. Provocateurs? Ils l’assument et expliquent qu’il est temps de changer de méthode pour redonner sa crédibilité à la politique.
Matignon dans le viseur de la Team Macron
Aujourd’hui, l’un de leurs adversaires pourrait bien être le Premier ministre Edouard Philippe. En effet, la liste des griefs de la « Team Macron » envers Matignon s’allonge depuis le début de l’année. La réduction de la vitesse à 80 km/h, la loi immigration, la SNCF, Notre-Dame des Landes… Selon eux, les mesures du gouvernement ne sont pas assez stratégiques. Ils considèrent que le Premier ministre ne protège pas suffisamment la fonction présidentielle et ne prend pas assez ses distances avec son héritage juppéiste.
Jugé technocrate et trop à droite par ces députés bien souvent issus du Parti socialiste, Edouard Philippe a répondu à leurs accusations lors d’une rencontre avec les députés du groupe LREM. Le Premier ministre a filé la métaphore sportive pour recadrer les jeunes loups frondeurs : « je ne viens pas ici pour vous taper sur les doigts, mais on doit jouer plus collectif », leur a-t-il dit.
Ambitions politiques
Certains députés le reconnaissent : ils ont de l’ambition et briguent des postes clé, quitte à ressortir de vieilles querelles. Ainsi, au sein de la bande de Poitiers, Stéphane Séjourné et Sacha Houlié ne cachent pas leur esprit revanchard. Fidèle du PS poitevin lors des élections municipales de 2008 qui a vu la victoire du socialiste Alain Claeys à la tête de Poitiers, Stéphane Séjourné s’est vexé quand ce dernier lui a proposé la 46e place sur sa liste. Sacha Houlié admet qu’il a également des difficultés à travailler avec le maire de Poitiers et alors que ce dernier prévoit de se représenter en 2020, les deux amis comptent bien l’en détrôner.
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