Au Brésil, le président nie avoir organisé un pot-de-vin de 40 millions de dollars
BRASILIA/RIO DE JANEIRO (Reuters) – Le président brésilien Michel Temer a démenti jeudi avoir participé à la négociation d’un pot-de-vin de 40 millions de dollars pour son parti politique dans le cadre de la vaste affaire de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras.
Cette accusation émane d’un ancien dirigeant de la société de bâtiment Odebrecht, interrogé par la justice, qui raconte qu’il a été reçu en 2010 par Michel Temer, qui n’était pas encore président, en compagnie de deux figures politiques Eduardo Cunha et Henrique Eduardo Alves, qui ont tous deux été président de la Chambre des députés.
Dans cette réunion, raconte le dirigeant d’Odebrecht, Marcio Faria da Silva, il a été demandé d’organiser un paiement de 40 millions de dollars (38 millions d’euros) pour la formation des trois politiques présents, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB).
Cette accusation de Marcio Faria da Silva est « un mensonge », a déclaré Michel Temer.
Les accusations du dirigeant d’Odebrecht ne le menacent toutefois pas dans l’immédiat. Il bénéficie d’une immunité temporaire pour tout ce qui s’est passé avant son entrée en fonction l’an dernier.
L’accusation a été rendue publique mercredi dans le cadre d’une série d’accords passés avec la justice par 77 dirigeants d’Odebrecht pris dans l’affaire qui ont accepté de témoigner dans le but d’obtenir une réduction de peine.
Lors de la réunion de 2010, il a été demandé au dirigeant d’Odebrecht de verser 5% sur un contrat d’une valeur de 825 millions de dollars que le groupe de BTP cherchait à obtenir de la compagnie pétrolière publique Petrobras pour la maintenance de ses sites dans neuf pays.
CONTRIBUTION AU PARTI
Michel Temer a confirmé dans une déclaration faite par vidéo et diffusée sur les réseaux sociaux qu’il avait bien participé à un réunion avec un dirigeant de la société en 2010 mais qu’il n’avait pas été question de versement illégal.
Auparavant, les services de la présidence avaient confirmé que Michel Temer avait bien rencontré Marcio Faria da Silva en 2010 en présence d’Eduardo Cunha pour une « brève » réunion, mais avaient démenti la participation d’Henrique Alves.
Dans son témoignage, Faria affirme que, si Temer n’a évoqué aucun chiffre, Cunha a clairement fait comprendre qu’un paiement était attendu.
« Il a expliqué que nous visions un contrat avec Petrobras. La promesse qu’il soit signé nécessiterait une très importante contribution au parti », a déclaré Marcio Faria da Silva dans son témoignage, ajoutant qu’il était clair qu’un dessous-de-table était demandé.
Une fois le contrat remporté, le paiement a été fait au Brésil et sur des comptes de banques étrangères, a ajouté le dirigeant d’Odebrecht. Il précise que le PMDB a pris 4% de la valeur du contrat, laissant 1% au Parti des travailleurs (PT) du président de l’époque, Luiz Inacio Lula da Silva.
L’ancien patron d’Odebrecht, Marcelo Odebrecht, actuellement en prison, a déclaré pour sa part à la justice qu’il avait rendu disponibles40 millions de dollars pour Lula. Le paiement a été négocié par l’intermédiaire d’un ministre, pas par Lula lui-même, a-t-il dit.
Lula a démenti toute irrégularité jeudi tout en laissant entendre qu’il se préparait à l’élection présidentielle de l’an prochain, en dépit de cinq affaires judiciaires en cours contre lui relatives à l’affaire Petrobras dite aussi opération « Lava Jato » (« Lavage express »).
(par Lisandra Paraguassu et Pedro Fonseca. Danielle Rouquié pour le service français)