LONDRES (Reuters) par William James – Le Premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé vendredi qu’il démissionnerait d’ici octobre après la victoire des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne lors du référendum de la veille.
« Je ne crois pas qu’il soit opportun que je sois le capitaine qui mène notre pays vers sa prochaine destination », a déclaré le chef du gouvernement devant sa résidence de Downing Street.
Il a ajouté qu’il laisserait à son successeur, à désigner en octobre lors de la conférence du Parti conservateur, le soin d’enclencher la procédure de divorce avec les Européens. « Le nouveau Premier ministre devra choisir à quel moment il sera opportun d’invoquer l’article 50 du Traité de Lisbonne », a-t-il dit.
Au pouvoir depuis 2010, réélu largement en 2015, Cameron avait promis ce référendum en 2013 dans l’espoir d’enrayer la montée des eurosceptiques au sein du Parti conservateur et de faire barrage à la progression du parti UKIP.
Après avoir négocié en février avec ses partenaires européens un accord garantissant une exemption concernant l’objectif d’une « Union sans cesse plus étroite », des concessions importantes sur les prestations sociales versées aux travailleurs européens installés dans le pays et une préservation des avantages de la City, il avait pris la tête du camp du « Remain ».
« Ma recommandation est claire. Je crois que la Grande-Bretagne sera plus sûre et plus forte et encore meilleure dans une Union européenne réformée. Quitter l’Europe menacerait notre économie et notre sécurité nationale », avait-il déclaré en annonçant le 20 février dernier la tenue de ce référendum, un slogan qu’il n’a cessé de marteler pendant les quatre mois de la campagne.
Mais la manoeuvre s’est retournée contre lui, les Britanniques ont opté à 52% contre 48% pour une sortie de l’UE.
« Le peuple britannique a pris la décision très claire de prendre une route différente et, à ce titre, je pense que notre pays a besoin d’un nouveau leadership pour le conduire dans cette direction », a-t-il souligné.
Alors que la livre sterling s’est effondrée, plongeant à son niveau le plus bas depuis 1985, et que les marchés européens ont sombré à l’ouverture, Cameron s’est également efforcé de rassurer les investisseurs sur l’état de l’économie britannique et ses « fondamentaux solides ».
Visiblement ému, le futur ex-Premier ministre, qui s’exprimait avec sa femme Samantha à ses côtés, a déclaré qu’il n’annonçait pas sa démission « à la légère ». « Je crois véritablement qu’il est dans l’intérêt national d’avoir une période de stabilité puis un nouveau leadership sera requis », a-t-il dit.
« Je ferai tout ce que je pourrai à l’avenir pour aider au succès de notre grand pays », a-t-il conclu avant de tourner les talons et de rentrer au 10, Downing Street.
(avec Michael Holden; Marc Angrand et Henri-Pierre André pour le service français)