Carrie Lam espère une "transition en douceur" à Hong Kong
HONG KONG (Reuters) – La dirigeante élue de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a rencontré lundi celui auquel elle va succéder, l’impopulaire Leung Chun-ying, et a appelé de ses vœux une transition du pouvoir « en douceur, efficace », sur fond de regain de tensions.
Carrie Lam a été choisie dimanche comme future dirigeante de Hong Kong, lors d’un scrutin auquel Pékin est accusé de s’être mêlé.
Nombre d’hommes politiques des rangs de l’opposition, partisans de la démocratie, étaient hostiles au choix de Carrie Lam, qui a été élue par un collège électoral de 1.200 membres où les partisans de Pékin étaient largement présents.
Carrie Lam, première femme à diriger l’ex-colonie britannique, prendra ses fonctions au 1er juillet. Les mois à venir seront cruciaux tant pour Leung que pour Lam, le président chinois, Xi Jinping, devant effectuer une visite le 1er juillet à l’occasion du 20e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine populaire. De grandes manifestations sont attendues en marge de sa visite.
« J’ai bon espoir que nous assisterons à une transition tout en douceur », a dit Carrie Lam après une poignée de mains avec Leung. Unir la société sera sa priorité, tout comme améliorer les relations entre l’exécutif et le Conseil législatif (Legco), a-t-elle ajouté.
Une partie de l’opinion publique de Hong Kong voit cependant d’un mauvais oeil ses relations de travail étroites avec Leung, farouche partisan du pouvoir chinois qui avait ordonné aux forces de l’ordre de tirer des gaz lacrymogènes sur les manifestants du mouvement de désobéissance civile « Occupy », en 2014.
CHARGES CONTRE NEUF CHEFS DE LA CONTESTATION
Carrie Lam a obtenu 777 voix contre 365 à son premier adversaire, l’ancien secrétaire aux Finances, John Tsang, qui bénéficiait d’une meilleure cote de popularité dans l’opinion publique, selon des sondages.
« Elle a été élue presque essentiellement grâce au soutien de Pékin », a déclaré Ma Ngok, politologue. « Si c’est bien le cas, elle aura beaucoup de dettes à rembourser à ses partisans à Pékin ».
Au lendemain de l’élection de Carrie Lam, la police de Hong Kong a signifié à neuf organisateurs des manifestations de 2014 en faveur de la démocratie qu’ils devraient répondre d’accusations devant la justice.
Cette annonce risque de renforcer un peu plus les tensions politiques dans la « région administrative spéciale » de Hong Kong, où un rassemblement de protestation est prévu ce lundi soir devant le siège de la police, dans le quartier de Wanchai.
La députée Tanya Chan a déclaré qu’au moins neuf meneurs des manifestations, dont elle-même, avaient reçu des appels téléphoniques de la police leur notifiant les charges pesant sur eux. Un autre dirigeant de la contestation, l’universitaire Benny Tai, a confirmé à Reuters avoir été contacté lui aussi par la police.
(Katy Wong, Venus Wu et James Pomfret; Eric Faye pour le service français)