Les conséquences du Brexit sur l'économie britannique
La décision des électeurs britanniques de valider majoritairement le Brexit – la sortie de l’Union européenne – crée un séisme immédiat sur les places financières, avec ses effets en cascade comme une forte dégradation de la valorisation du secteur bancaire. Les effets collatéraux sur le quotidien des Britanniques et l’emploi restent des sujets de prospective à manier avec prudence.
Places financières et secteur bancaire britanniques : victimes immédiates du Brexit
Les résultats du vote britannique en faveur de la sortie de l’Europe ont semé la panique sur les places boursières mondiales ce vendredi 24 juin. La monnaie britannique, la livre sterling, est la première victime de ce séisme boursier, plongeant à son niveau le plus bas depuis 1985, décrochant violemment face à l’euro et au dollar.
Le secteur bancaire britannique en est une victime collatérale : les principales banques ont décroché (-25 % pour la banque Barclays, -26 % pour la Royal Bank of Scotland, -24 % pour la banque Lloyds).
L’avenir sombre de la City, première place financière mondiale
La City de Londres, qui avait jusqu’à présent le statut de première place financière de la monnaie unique, risque de pâtir fortement de la victoire du Brexit. En effet, la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni prive les établissements financiers d’un accès aux marchés européens de la zone euro.
Le cabinet d’audit PwC estime à environ 90 000 emplois liés au secteur financier qui pourraient être supprimés en Grande-Bretagne suite au Brexit.
Les conséquences attendues pour les citoyens britanniques
L’une des premières conséquences du Brexit va concerner la liberté de déplacement des ressortissants britanniques au sein de l’Union européenne. Jusqu’à présent, il suffisait d’une simple pièce d’identité pour se déplacer au sein de l’espace Schengen. Désormais, un citoyen britannique devra se munir d’un visa en bonne et due forme. A moins qu’il ne parvienne à se procurer un passeport irlandais. En effet, le Guardian révélait dès le 24 juin que les candidatures en provenance d’Angleterre auprès du ministère des Affaires étrangères irlandais battaient des records.
Les ménages britanniques devraient également subir une hausse de leur budget vacances lorsqu’ils se rendront sur le continent européen. En effet, leur pouvoir d’achat est directement touché par une dévalorisation de la livre par rapport à l’euro. De plus les compagnies aériennes low cost comme Easyjet ou Ryan Air ont d’ores et déjà subi une baisse violente de leur cours de Bourse, ce qui risque de fragiliser leur business model.
Autre conséquence non anticipée : les expatriés britanniques dans les autres pays européens (1,3 millions dont 320.000 en Espagne, 170.000 en France ou 100.000 en Allemagne) vont voir leurs revenus ou leurs retraites diminuer fortement en raison de la dépréciation de la livre sterling. Circonstance aggravante, les accords bilatéraux qui leur permettent de bénéficier par exemple en France de la couverture médicale par le système de santé britannique risquent d’être remis en question.
Les conséquences potentiellement néfastes sur l’économie britannique
Outre les conséquences sur les marchés financiers et bancaires, poumons de la vie économique, les effets en cascade sur la vie économique britannique risquent d’être fortement préjudiciables. L’agriculture britannique pourrait pâtir de la fin des subventions de l’Europe qui représentent parfois 40 % du revenu des agriculteurs anglais. Effet inattendu du Brexit : le football anglais risque de ne plus pouvoir offrir des ponts d’or aux meilleurs joueurs européens. Désormais, l’instauration de visas pour pénétrer le territoire britannique pourrait stopper cet attrait pour la « Premier League ».
De façon générale les études économiques sur les effets du Brexit, telles que celle de la London School of Economics, tablent sur une inflation assez forte, avec une hausse du coût des transports ou de l’alimentation de 2 à 7 %. Autre effet de dominos envisagé : une moindre attractivité du Royaume-Uni auprès des investisseurs étrangers se traduirait par une baisse de l’activité (entre – 4 % et – 9 % de perte de richesse), un chômage croissant et une baisse corrélative des revenus des Britanniques (jusqu’à 5000 euros par an selon une analyse du Trésor britannique).
Face à ce scénario noir, une seule planche de salut pourrait se faire jour pour l’économie britannique. Le processus de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne devrait durer plusieurs années. Les deux zones étant très intégrées sur le plan des échanges commerciaux et financiers, ces délais pourraient permettre la conclusion d’accords de libre-échange avec ses anciens partenaires du continent européen, un peu sur le modèle de l’accord UE-Canada. Les prochains mois détermineront lequel de ces scénarios, le sombre ou le raisonnablement optimiste, l’emportera.
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