Des maires suspectés de trafic de drogues aux Philippines
MANILLE (Reuters) – Une soixantaine de policiers et de dirigeants municipaux se sont présentés à la police lundi aux Philippines, au lendemain de l’annonce par le président Rodrigo Duterte que leur nom figurait sur une liste de 160 maires, anciens maires, juges et policiers accusés de trafic de drogue.
Le président Duterte, qui a été élu en mai sur un programme unique de lutte contre le crime et le trafic de drogue, a menacé de les pourchasser s’ils ne se rendaient pas dans les 24 heures.
Quelques heures après ce discours, deux maires figurant sur la liste se sont rendus à la police, démentant être liés aux trafiquants de drogue. Lundi, ce sont 27 maires et 31 policiers qui se sont présentés au siège de la police nationale à Manille.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président en juin, plus de 400 personnes soupçonnées de trafic de drogue ont été tuées par la police, selon le bilan fourni par les autorités philippines.
Selon la chaîne de télévision ABS-CNN, il faut multiplier ce chiffre par deux, même si ce total comprend les exécutions effectuées par des membres de milices privées non identifiés.
Le chef de la police nationale, Ronald dela Rosa, a fait la leçon aux policiers figurant sur la liste du président Duterte et leur a promis la mort s’ils devaient continuer à protéger les trafiquants de drogue ou à revendre la drogue saisie par leurs services.
Tous les policiers accusés ont été désarmés. Ils pourraient comparaître devant la justice pénale ou administrative en cas de preuves tangibles, a déclaré le porte-parole de la police nationale, Dionardo Carlos.
« Ils se verront accorder un procès équitable », a-t-il ajouté.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont demandé aux Nations unies de condamner l’augmentation des exécutions extra-judiciaires. Le Sénat philippin doit ouvrir une enquête.
(Manuel Mogato; Danielle Rouquié pour le service français)