Donald Trump en guerre contre le sport américain
WASHINGTON (Reuters) – En appelant les propriétaires des franchises de football américain à licencier les sportifs qui expriment leur mécontentement lorsque l’hymne américain est joué, le président Donald Trump a provoqué une nouvelle tempête médiatique.
Il a ensuite récidivé en annonçant qu’il renonçait à inviter Stephen Curry, un des joueurs vedettes des Golden State Warriors, qui s’interrogeait sur l’opportunité de lui rendre visite.
Roger Goodell, patron du football américain (NFL) a répondu à ses propos, déplorant un manque de respect à l’égard de son sport et de ses joueurs.
Dimanche matin, le président des New England Patriots, Robert Kraft, que Trump considère comme un ami, a lui aussi déploré les attaques présidentielles contre les joueurs.
« Je suis profondément déçu par le ton des propos tenus vendredi par le président », a-t-il dit dans un communiqué, défendant le droit de ses joueurs à s’exprimer pacifiquement dans le débat social.
La controverse trouve son origine dans les propos tenus vendredi par Donald Trump lors d’un rassemblement dans l’Alabama.
« Ne seriez-vous pas ravis d’entendre un de ces propriétaires de NFL, quand quelqu’un manque de respect au drapeau, dire ‘foutez-moi ce fils de pute en dehors du terrain tout de suite (…) il est viré' », a-t-il lancé à ses partisans.
Le président américain a alimenté la polémique en lançant dimanche matin un appel indirect au boycott des matches de la NFL. « Si les fans de la NFL refusent d’aller aux matches tant que des joueurs continuent de manquer de respecter à notre drapeau et à notre pays, vous verrez que les choses changeront vite », a-t-il tweeté.
L’année dernière, Colin Kaepernick, le quaterback de la franchise de San Francisco des 49ers, a provoqué un débat national en refusant de se tenir debout alors qu’était joué l’hymne national, une tradition d’avant-match aux Etats-Unis. Au contraire, il avait mis un genou à terre, un geste exprimant son soutien aux Afro-Américains victimes de violences policières. Son geste a ensuite été repris par d’autres joueurs.
Le syndicat des footballeurs professionnels a lui aussi déploré les propos de Donald Trump et s’est engagé à défendre leur liberté d’expression.
INDIGNE
Après la NFL, c’est la ligue de basket (NBA) qui a fait les frais de la colère présidentielle.
Dans l’un des traditionnels messages matinaux qu’il diffuse sur Twitter, Donald Trump a annoncé qu’il annulait l’invitation faite à Stephen Curry qui avait eu le tort d’indiquer qu’il n’était pas disposé à se rendre à la Maison blanche, une tradition pour les joueurs de basket ayant remporté le dernier titre national en date.
« Aller à la Maison blanche est considéré comme un honneur pour l’équipe championne. Stephen Curry hésite, dans ce cas, invitation retirée », a écrit le président américain.
Sollicité lors d’une conférence de presse organisée dans la ville californienne d’Oakland, Stephen Curry a répondu qu’il était « indigne pour le président d’un pays de se comporter ainsi. » « Les dirigeants ne font pas ça », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, l’équipe des Golden State Warriors a fait savoir qu’elle se réunirait pour aborder la question d’une éventuelle visite à la Maison blanche.
LeBron James, un des joueurs majeurs de la NBA, a de son côté appuyé Stephen Curry, disant douter que se rendre à la Maison blanche puisse constituer un honneur.
« Aller à la Maison blanche était un grand honneur jusqu’à ce que vous vous y rendiez », a déclaré LeBron James, soutien d’Hillary Clinton lors de la campagne de 2016.
(par Barbara Goldberg et Joel Schectman. avec Alex Dobuzinskis à Los Angeles; Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)